Celui qui fut un militant hostile à la guerre d’Algérie et l’un de ceux qui y ont condamné la pratique de la torture , l’ex-Premier ministre français Michel Rocard, est mort samedi dernier à l’âge de 85 ans et il continue d’être la cible des nostalgiques de l’Algérie française.
L’ex-président du FN, Jean-Marie Le Pen, reproche à Michel Rocard son militantisme hostile à la guerre d’Algérie (1954-1962). Michel Rocard, qui était inspecteur des finances en 1959, au milieu de la guerre, avait alors publié un rapport réfractaire à la torture par l’armée durant les « événements d’Algérie ». Sur le réseau social, l’ex-président du FN s’en est pris à l’ancien Premier ministre au sujet de son engagement durant la guerre d’Algérie, dont Michel Rocard fut un farouche opposant.
Il avait alors soulevé une partie des élites tandis que les hommes politiques socialistes soutenaient l’opération de « maintien de l’ordre » des forces hexagonales dans l’ancien département français. « Michel Rocard se vantait d’avoir porté des valises de billets qui servaient au FLN à acheter des armes pour tuer des Français », écrit cet ancien tortionnaire qui n’a jamais admis que des Français soient de l’autre côté de la barrière.
Alors secrétaire national de l’Association des étudiants socialistes, le jeune Michel Rocard s’érige contre la direction de son parti et participe même, deux ans plus tard, à l’aventure du Parti socialiste autonome (PSA), fondé en réaction à la politique « colonialiste » menée en Algérie. Mais ce n’est pas tout.
L’année suivante, alors que le général de Gaulle s’est installé dans le fauteuil de président de la République, Michel Rocard, inspecteur des finances, publie un rapport accablant sur les « camps de regroupement » instaurés dans le plus grand secret dès 1957 afin de soustraire les paysans algériens à l’influence du FLN.
Dénonçant les privations et la famine, son travail, révélé par la presse, débouchera sur la fourniture de vivres et de soins pour ces populations exsangues. Dans un documentaire réalisé en 2012 par Ben Salama intitulé « Une histoire algérienne », Michel Rocard reviendra avec amertume sur cet épisode méconnu de la guerre d’Algérie.
« Mon avis, c’est que sont mortes de faim 200 000 personnes et en majorité des enfants », déclarait-il ainsi devant la caméra du réalisateur Ben Salama. Le rapport faisait état d’une réalité ignorée par l’opinion publique concernant plus d’un million d’Algériens, détenus dans des conditions inhumaines dans ces camps, une des tragédies les plus méconnues de la guerre d’Algérie, qui enregistraient une mortalité enfantine effrayante.
Michel Rocard relatait dans son rapport que, par jour, près de 500 enfants sont menacés de famine. Alerté par l’auteur du rapport, le cabinet du garde des Sceaux du gouvernement de Michel Debré, Edmond Michelet, décide de donner ce rapport à la presse.