«L’Algérie entretient une convertibilité du dinar réduite et reste toujours réticente pour avoir une convertibilité totale par crainte d’un transfert de capitaux brutal et important».
A un chef d’entreprise algérien qui s’est interrogé sur les possibilités d’investir en France «pour rendre plus efficace le transfert de technologie», le vice-président du Medef a répondu : «C’est une très bonne idée et beaucoup de sociétés étrangères ont choisi la forme d’investissement soit en direct, soit par association avec des PME-PMI à forte croissance. Pour le faire, vous avez, en France, l’Agence des investissements internationaux, un département très autonome du ministère des Finances ».
Hamiani rectifie : « C’est la Banque d’Algérie qui doit en premier donner son accord conformément à la loi sur la monnaie et le crédit parce que ça concerne un transfert de capitaux». Il estime que «les investisseurs algériens sont très pénalisés par cette vision malthusienne des choses. Ce n’est pas interdit mais le règlement et les accords sont donnés au compte-gouttes». Il évoque à cet effet «un accord donné durant ces 20 dernières années à une filiale algérienne pour un transfert de quelques millions de dinars». Le président du FCE souligne que « ça pose un problème de convertibilité du dinar. L’Algérie accepte une convertibilité réduite du dinar, dite commerciale, mais reste réticente pour une convertibilité totale par crainte qu’il y ait un transfert de capitaux brutal et considérable ». Très rares sont, selon lui, les pays émergents qui ont accepté une convertibilité totale de leur monnaie. C’est un problème de royalties qui entrave les franchises».
Le vice-président du Medef estime par contre qu’une grande majorité de pays émergents ont résolu le problème des transferts de capitaux. «Le cas algérien est particulier», dit Hamiani. Le responsable du MDI pense qu’ils l’ont fait par les fonds souverains. «Il n’y a pas que les fonds souverains, il y a d’autres capitaux», précise Courtaigne. «Tant qu’on a le marché informel, on ne peut pas aller vers un transfert de capitaux aussi libéral que celui accepté par les pays émergents», renchérit Hamiani.
Le PDG de la SAA a, pour sa part, présenté hier le projet de partenariat qui le lie à la Macif conformément à la nouvelle règle de partage de capital, 51%-49%. Il a fait savoir notamment qu’il faut aujourd’hui définir «en commun les niveaux de capital de l’assurance-vie», ce nouveau projet que les deux organismes préparent ensemble. «Il est juridiquement sur le plan d’être créé», a affirmé le PDG de la SAA. Il notera que 5.000 Algériens décèdent chaque année en France «et les familles cherchent à rapatrier les corps. C’est pour cela que nous avons conclu avec la Macif un protocole pour commercialiser le produit ». Il voudrait pour cela que la Macif ait «l’amabilité d’accepter d’associer avec nous deux grands banquiers algériens, c’est permis par la loi depuis que le code des assurances a introduit la notion de la banque assurance».
La SAA commercialisera ainsi, conjointement avec la Macif, l’assurance vie auprès des ressortissants algériens en France par une participation majoritaire (51%) dans le capital, partagée avec deux autres banques publiques algériennes. «Elle est majoritaire individuellement mais minoritaire globalement», synthétisera Atrous, le PDG de la SAA, qui tient à préciser «que le conseil d’administration sera présidé par la partie algérienne mais la gestion revient à la Macif ». Le tout se fera, dira-t-il, «dans le respect des dispositions de la LFC 2009 ».
Le président de l’association des industries pharmaceutiques présentera pour sa part «un projet de partenariat entreprise en 1996», qu’il qualifie de «réussi entre deux entreprises algérienne et française, de dimension moyenne, dont le chiffre d’affaires est passé de 8.000 euros en 1996 à 8 millions d’euros en 2009». Le marché de l’industrie pharmaceutique a évolué, selon lui, de 20% sur les dix dernières années. Sur près de 2 milliards de dollars d’importation de médicaments, les laboratoires français en détiennent près de 850 millions.
Installé en Algérie depuis 8 ans et employant 1.200 personnes à travers une cinquantaine d’agences réparties à travers le pays, BNP ParisBas, dit son responsable, comptera «bientôt 70 agences» et fait savoir que «70% des dépôts collectés sont redistribués sous forme de crédit».
Il a surtout présenté l’Académie des PME, que la banque française a développée dans plusieurs pays et a créé en 2007 en Algérie. L’Académie se charge, selon lui, «d’apporter un minimum de théories très pratiques pour un développement pérenne de l’entreprise, d’organiser des séminaires itinérants à travers les principales villes du pays pour connaître les attentes et les préoccupations des PME et d’assurer des formations à leurs gestionnaires». L’Algérie compte 6 académies des PME, à Alger, Oran, Blida, Annaba, Béjaïa et Sétif «et d’autres sont à venir », qui ont assuré la formation pour plus de 500 PME.
Sur ce, le représentant de MDI intervient pour affirmer que la principale contrainte pour les entreprises algériennes est l’indisponibilité de la ressource humaine compétente. «Son développement occupe une place de choix», dit Benabdesselem. Il évoque à cet effet la coopération que MDI entreprend avec des institutions françaises. Coopération qui gravite sur trois niveaux, à savoir «le contenu des formations qui évolue vite et où l’apport français est indéniable, la formation de l’encadrement et la visite d’entreprises françaises par les cadres algériens».
Total et Sonatrach ont aussi été hier de la partie pour faire partager «leur magnifique projet de vapocraquage de l’éthane à Arzew ». Le projet a été conclu pour un montant avoisinant les 3 milliards d’euros, soit près de 5 milliards de dollars, sur un appel d’offres lancé en 2005 et remporté par Total en 2007. Tout en rappelant que « Total a eu une présence ininterrompue en Algérie et ce quelles que soient les circonstances, c’est (donc) un partenaire fiable qui s’implante pour longtemps». Son responsable affirme que le projet en question « est une première mondiale !». Il s’inscrit dans « la poursuite du développement de la pétrochimie, et ce en valorisant l’éthane dans un chaîne qui n’est pas énergétique ». C’est, dit-il, « un projet structurant pour développer une plate-forme mondiale pour irriguer l’Europe (…) et, bien sûr, renforcer nos positions industrielles et commerciales». Il emploiera 1.200 personnes sur site et créera 1.000 emplois pour la société, dont des durées de contrat de 2 à 10 ans pour l’usine, mais pour le reste pour une quarantaine d’années ».
Le responsable de Total promet de revenir le mois prochain pour « finaliser avec Sonatrach les négociations commerciales». Nous avons, a-t-il dit, «pris le temps pour contrôler les coûts d’investissement pour des prix beaucoup plus raisonnables». Il est question, conclut-il, «de signature de contrats soutenant celui global déjà signé, pour un financement en dinar et l’aspect risque de change qui nous préoccupe particulièrement en plus de l’exonération d’impôts qu’on doit négocier». La majorité algérienne de capital est, par ailleurs, précise-t-il, «un point sur lequel on peut trouver des arrangements ».
Le projet lancé dans la filière «pour accompagner 1.000 éleveurs algériens» fait dire à son représentant du côté français, que «j’espère que les réunions ministérielles que nous aurons aujourd’hui aboutiront enfin à un accord de façon à démarrer le projet au début de l’année.»
Le représentant de la Banque mondiale en Algérie a estimé que «les dispositions de la LFC n’ont rien d’extraordinaire par rapport à ce qu’il y a à travers le monde». Il a ajouté cependant qu’il espère voir se développer « une puissance du système financier. On ne s’improvise pas du jour au lendemain capitaliste à 51%». Il a fait savoir que la BM s’intéresse au secteur privé pour «être le partenaire industriel et financier. Nous ne sommes ni algériens ni français, mais multilatéraux.
On voudrait soulager le fonds algérien de l’investissement ». C’est, dit-il, la SFI qui apporte la garantie aux investissements.