Contrairement aux automobilistes tunisiens, nous sommes quotidiennement humiliés, et cette situation doit cesser. Il s’agit non seulement de payer cette taxe, mais aussi de graisser la patte pour accélérer les formalités. Tout le monde connaît ces agissements maffieux.
La fermeture, avant-hier, de deux postes frontaliers, à Tébessa, pour exiger la suppression de la taxe de 30 dinars tunisiens ou tout simplement l’application du principe de réciprocité, n’a pas laissé indifférents les 150 automobilistes annabis, qui assurent la navette Annaba-Tunis. En effet, au lendemain du mouvement de protestation, la tension a gagné les postes frontaliers de l’extrême Nord-Est, Oum-Teboul et El-Ayoun dans la wilaya d’El-Tarf.
“Nous sommes tous d’accord avec le mouvement de contestation contre la décision des autorités tunisiennes imposée depuis des années déjà aux automobilistes algériens voulant se rendre en Tunisie et qui doivent s’acquitter d’une taxe de 30 dinars tunisiens (DT). Contrairement aux automobilistes tunisiens, nous sommes quotidiennement humiliés et cette situation doit cesser. Il s’agit non seulement de payer cette taxe, mais aussi de graisser la patte pour accélérer les formalités. Tout le monde connaît ces agissements maffieux. Comble d’absurdité, nos douaniers, devant cet état de fait, optent pour le silence”, nous disent des taxieurs que nous avons rencontrés à la gare routière d’Annaba.
Dans le même temps, automobilistes, agents de la PAF, douaniers et riverains installés du côté de la bande frontalière, sont unanimes et sont allés jusqu’à appeler les touristes algériens à boycotter la Tunisie. Ils sont persuadés qu’en premier lieu c’est l’économie du pays qui est mise à mal, plumée avec “art et doigté” par les trabendistes tunisiens qui, eux, sont de véritables pompes aspirantes de carburant. À la station des automobilistes d’Annaba, jouxtant la gare ferroviaire, où la nouvelle du mouvement de protestation des Tébessis s’est répandue comme une traînée de poudre, les langues commencent à se délier. Ainsi, des usagers dénoncent les deux poids, deux mesures entre le touriste algérien et le tunisien. Ils affirment que plus de 600 véhicules immatriculés en Tunisie traversent quotidiennement ces deux postes frontaliers de la wilaya d’El-Tarf. L’un d’eux précise que “95% d’entre eux sont des trabendistes, versés dans le trafic en tous genres mais surtout de carburant”.
En effet, dans la région, les trafiquants de carburant, “les hallabas”, opèrent au grand jour. L’on explique qu’au vu et au su de tout le monde, la majorité d’entre eux, traverse, à maintes reprises et durant la même journée, les frontières pour quelques heures seulement ; le temps de faire le plein en carburant à la station la plus proche, avant de faire demi-tour. Pis encore, les services censés lutter contre cette saignée de l’économie nationale, restent les bras croisés (décision politique, nous dit-on !), surtout lorsqu’on sait que les trois raffineries dont dispose le pays assurent un taux insignifiant de produits raffinés par rapport au parc-auto existant aujourd’hui.
Séduits par les bons prix des pièces de rechange, notamment les pneus, des effets vestimentaires et des ustensiles de cuisine en général, surtout en inox, les Tunisiens sont autorisés à acheter, sans être taxés. Si aux yeux des douaniers et des agents de la PAF, il n’y a aucune entorse à la réglementation, s’agissant de l’effervescence des “beznassa” tunisiens, pour les automobilistes annabis, “les douaniers tunisiens ne se seraient jamais laisser faire de cette manière”.