Les pouvoirs publics vont auditer la Seaal : L’assainissement de la ville d’Alger défaillant

Les pouvoirs publics vont auditer la Seaal : L’assainissement de la ville d’Alger défaillant

Nous allons faire appel à un audit externe pour évaluer la situation. » C’est ce qu’a déclaré, hier, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, en évoquant les prestations de la Société des eaux et d’assainissement d’Alger (Seaal). Interrogé en marge d’une visite d’inspection dans la wilaya de Khenchela, le ministre a estimé que le contrat avec Suez pour la gestion des eaux d’Alger a été respecté pour ce qui est de la distribution d’eau dans la capitale, mais il existe des défaillances en matière d’assainissement. Je crois que le constat est clair, les résultats sont presque satisfaisants quant à la distribution d’eau, mais pour ce qui est de l’assainissement les objectifs ne sont pas encore atteints », a-t-il répondu.

Khenchela. De notre envoyée spéciale

Et d’annoncer que le ministère compte faire appel à un auditeur externe « afin de constituer un arbitrage », et évaluer la situation réelle. Le recours à un arbitrage externe semble répondre à une volonté d’éviter toute décision subjective susceptible de faire dire à SEAAL qu’elle est victime de préjugés ou de parti pris. Et le choix d’un arbitre renseigne, en outre, même si le ministre ne l’évoque point, sur l’existence d’un désaccord pour ne pas dire conflit entre les deux parties, le ministère de tutelle et la SEAAL. Dans de récentes déclarations, le ministre disait qu’il fallait attendre la fin du contrat avec Suez pour pouvoir faire une évaluation de ses prestations. Aujourd’hui, il semble que la situation est telle que le ton n’est plus à la patience. Le réseau d’AEP d’Alger, qui date de plusieurs décennies, demeure otage de sa vétusté et du manque d’empressement des gestionnaires à lui rendre son efficacité.

En guise de mesures, Abdelmalek Sellal se contentera de dire que son ministère fera sa propre évaluation sur la base des résultas de l’audit et prendra en conséquence les décisions qui s’imposent. « Si nous arriverons à la conclusion que nos propres compétences sont capables d’une bonne gestion sans le recours à une partie étrangère, alors nous opterons pour une gestion nationale. Dans le cas contraire, nous ferons en sorte d’améliorer les prestations des exploitants et renforcer la formation », dira le ministre. Est-ce que l’évaluation de la Société des eaux d’Alger pourrait aboutir à une fin prématurée du contrat avec Suez ? La question semble, elle aussi, prématurée, mais le constat actuel n’est plus à démentir. Trois ans après la conclusion du contrat le 28 novembre 2005 pour une durée de cinq ans avec l’Office national de l’assainissement et l’Algérienne des eaux, Suez collectionne les critiques.

Avec un contrat d’un montant de 117 millions d’euros/an, la compagnie française n’a pas tenu sa promesse de couvrir à 100% les besoins de la capitale en septembre 2009. De l’aveu même du directeur général de SEAAL dans les colonnes d’El Watan dans sa livraison du 11 septembre dernier, « il existe encore des endroits où il n’y a pas d’eau. Il y en a deux catégories : la région sud de la wilaya d’Alger qui n’a pas d’eau H/24 et qui est historiquement mal alimentée pour manque de ressources ou pour des raisons liées à la vétusté du réseau. Dans certains autres quartiers, nous enregistrons des perturbations liées aux travaux que nous avons engagés », dit-il. Au sujet de l’assainissement, le même responsable semble faire un aveu d’échec en disant : « On ne résoudra jamais définitivement ce problème. C’est l’expérience internationale qui le dit. Pourquoi ? Alger a un réseau vétuste qui s’étend sur 4000 km et nous ne pouvons pas changer le tout à coup de baguette magique. Cela nécessite beaucoup de temps. D’ailleurs, nous avons élaboré un schéma directeur (une vision sur 25 ans) que nous avons présenté aux autorités qui l’ont accepté. La SEAAL ne pourra pas résoudre le problème en quelques années. Nous enregistrons près de 2000 fuites par mois. La vision de Suez sur 25 ans risque aujourd’hui d’être des mots écrits sur un nuage.

Par Nadjia Bouaricha