Les pressions semblent de peu d’effet sur lui – Bouhadja : “Je reste, quitte à provoquer la dissolution de l’APN”

Les pressions semblent de peu d’effet sur lui – Bouhadja : “Je reste, quitte à provoquer la dissolution de l’APN”

Le président de l’APN reste stoïque face aux accusations de ses adversaires.

Les pressions qu’exercent les députés de la majorité sur le président de l’APN n’ont pas encore eu l’effet escompté. Contacté hier soir par téléphone, Saïd Bouhadja maintient à dire qu’il ne va pas démissionner. “Je ne démissionnerai pas parce que je ne reconnais pas avoir commis des erreurs”, a-t-il indiqué, ajoutant, comme un défi, qu’il ne cédera sa place que s’il est “démis” de ses fonctions. “Je reste quitte à provoquer la dissolution de l’APN”, a-t-il menacé, jusqu’au-boutiste. Cela même s’il se dit prêt à accepter l’alternance si cela se fait part des moyens légaux. “J’ai même répété cela devant les chefs des groupes parlementaires qui ont accepté de ne plus m’accuser d’avoir commis des erreurs. Mais après avoir quitté mon bureau, le président du groupe FLN, Bouchareb, avait répété les mêmes accusations. Je suis donc contraint de rester dans mon poste”, a-t-il précisé.

S’il reconnaît que la situation actuelle peut bloquer l’Assemblée populaire nationale, l’homme ne veut pas céder.

Interrogé sur les accusations portées contre lui par ses adversaires, Saïd Bouhadja dément un par un les reproches des députés du FLN. Il dit qu’il n’a recruté que deux personnes, que la question de la constitution des groupes d’amitié relève des prérogatives des groupes parlementaires et que les questions des frais de mission sont une attribution de l’administration de l’APN. Pis encore, à Ould Abbes qui l’accuse d’avoir dépassé les lignes rouges, Saïd Bouhadja réplique que c’est son accusateur qui “veut déstabiliser une institution de la République qui dépasse les lignes rouges” et non pas lui qui applique les lois de la République. Sur les raisons de l’acharnement des députés du FLN, Saïd Bouhadja estime que la présence de l’ancien secrétaire général, Bachir Slimani, “couvrait” des intérêts “occultes”.

Malaise au FLN

Quelques heures auparavant, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, réunissait, au siège du parti, les membres du bureau politique de son parti pour faire face à cette impasse. Pour accentuer la pression sur Saïd Bouhadja, le FLn implique désormais le gouvernement, par le biais du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Mahdjoub Bedda en l’occurrence. Le parti veut désormais mettre à contribution dans cette fronde contre Bouhadja la commission des affaires étrangères que préside Abdelhamid Si Affif, présent lors de la réunion d’hier, et le ministère des Affaires étrangères, une institution indispensable dans le travail de la diplomatie parlementaire.

Selon une source proche du secrétaire général du FLN, le parti souhaite bloquer les leviers diplomatiques mis entre les mains du président de l’APN. Après le blocage des commissions parlementaires et le gel de toute activité au sein de la Chambre basse, c’est donc au registre diplomatique que les responsables du FLN s’attaquent, franchissant ainsi un pas supplémentaire dans ce bras de fer qui les oppose à un des leurs. Publiquement, le secrétaire général du FLN veut faire passer le message qui voudrait dire qu’il n’est pas directement impliqué dans un conflit qui “concerne les députés” entre eux. C’est d’ailleurs ce qui ressort du communiqué laconique publié hier en fin de journée, après deux heures de discussions au bureau politique. Cette instance du FLN dit “appuyer toutes les positions et décisions exprimées par les députés du parti” au sein de l’APN. Les participants à la réunion se félicitent également de l’implication des autres groupes parlementaires de la majorité présidentielle. Mais derrière ce satisfecit se cache en réalité un véritable malaise au sein du vieux parti.

Devant cette impasse, plusieurs scénarios sont envisagés. Si Saïd Bouhadja ne démissionne pas et devant l’intransigeance de ses adversaires, les activités parlementaires resteront quasiment paralysées. Certains vont même jusqu’à imaginer une dissolution pure et simple de l’APN. Pour ne pas arriver à cette situation, beaucoup de militants de l’ancien parti unique n’ont qu’un seul souhait : l’intervention du président de la République. Or, cette “injonction présidentielle” est constitutionnellement illégale, puisqu’elle piétine le principe sacré de la séparation des pouvoirs. Mais malgré cela, le coup de téléphone, tant attendu par tout le monde au FLN, n’a pas retenti.

Ali Boukhlef