Par Mohamed TOUATI
Le niveau actuel des cours de l’or noir constitue une opportunité pour accélérer le processus de la diversification de l’économie nationale.
Le pétrole démarre la semaine sur une hausse significative. Une bonne nouvelle. Hier, vers 13h15 le baril de Brent, référence pour le pétrole algérien, s’échangeait à 72,08 dollars soit une hausse de 1,44 dollars par rapport à la séance précédente.
Une bouffée d’oxygène pour l’économie du pays en débat perpétuel, depuis la dégringolade des prix du pétrole qui a provoqué la redoutable crise financière qui a épuisé son Fonds de régulation des recettes, vidé les caisses du Trésor public et sévèrement impacté ses réserves en devises. La question de la réduction de la dépendance du pays par rapport à ses exportations de pétrole et de gaz, qui constituent l’essentiel de ses revenus en dollars, a été inévitablement mise en exergue. La diversification de son économie est devenue impérative si on veut lui éviter le stress permanent que constituent les plongeons cycliques des cours de l’or noir. Les crises financières provoquées par de telles situations s’accompagnent inévitablement de mesures douloureuses et impopulaires.
Celles, pourtant décriées par certains spécialistes, prises par l’ex-gouvernement pour y faire face, ont permis contre vents et marées de maintenir les réserves de changes à plus de 70 milliards de dollars (elles étaient à plus de 193 milliards de dollars fin 2013) et à renoncer à l’endettement extérieur, pour éviter l’asphyxie financière que de nombreux experts ont annoncée comme inévitable. Ce dispositif est cependant insuffisant pour constituer une alternative pour une sortie de crise financière de l’ampleur de celle que traverse le pays. La perspective d’un retour du baril à 100 dollars, qui lui suffirait pour assurer ses équilibres financiers, étant en principe écartée. Il ne reste plus d’autre choix que d’opter pour des réformes qui élèveraient le secteur hors hydrocarbures au rang de poumon de l’économie nationale.
L’Algérie aurait tout à gagner en relevant ce défi, cette «mère des batailles» qui lui permettra d’intégrer le cercle des pays émergents, auquel elle aspire et qui demeure à sa portée. Ses potentialités pour franchir ce cap sont incontestables. Le Fonds monétaire international, qui n’a pas la réputation d’être complaisant, l’affirme. «Les réformes structurelles permettront à l’Algérie de se diversifier en dehors du pétrole et d’utiliser ses forces, à la fois en termes de jeune population, position géographique et la richesse dont elle dispose dans d’autres secteurs», avait déclaré, le 29 avril, Jihad Azour, le directeur en charge du Moyen-Orient et de l’Asie centrale pour le FMI, cité par l’agence Reuters. L’institution de Bretton Woods constitue un arbitre dont l’impartialité ne peut être soupçonnée.
L’Algérie a-t-elle les moyens suffisants pour sortir de son addiction à l’or noir? L’Algérie dispose toujours «d’une fenêtre d’opportunités» pour se défaire de sa dépendance au pétrole et asseoir une économie diversifiée grâce à un dosage de politiques économiques, qui concilie ajustement budgétaire et croissance», avait-elle indiqué, vers la mi-juin 2018, dans son rapport d’évaluation de l’économie algérienne.
Il ne reste qu’à faire preuve d’une réelle volonté, politique, pour relever le défi. Un challenge que devra assumer le futur gouvernement d’une IIème République revendiquée par le Hirak, né des marches pacifiques historiques du 22 février.