Des prévisions pessimistes
Si le projet de loi de finances de 2016 porte en lui les premiers signes de l’austérité, ceux qui doivent lui succéder pour au moins cinq ans risquent de confirmer la sévérité de la crise à laquelle fait face le pays.
Jusqu’à maintenant l’essentiel a été préservé.
Les prix des produits de consommation de base tels que le lait ou le pain ont continué à être soutenus par l’Etat. Qu’en sera-t-il à l’avenir? Des éléments de réponse existent. Ils sont au coeur de la loi de finances 2016. Il est question de payer le carburant, l’électricité… plus cher.
Des mesures qui toucheront directement le porte-monnaie de nos concitoyens qui doivent encore consentir à d’autres sacrifices si la conjoncture économique actuelle ne venait pas à s’améliorer. Si le projet de loi de finances de 2016 porte en lui les premiers signes de l’austérité, ceux qui doivent lui succéder pour au moins cinq ans risquent de confirmer la sévérité de la crise à laquelle fait face le pays. Les Algériens doivent-ils se serrer la ceinture crescendo? La question se pose avec clarté, sans détours. Objectivement, il y a fort à craindre que cela sera le cas.
Pourquoi? Parce que tout simplement les prix du pétrole risquent de rester à des niveaux trop bas d’ici la fin de la décennie. Certains spécialistes pronostiquent un baril qui n’excéderait pas la barre des 50 dollars d’ici 2020 avant qu’il ne remonte progressivement pour s’installer autour des 80 dollars. Un scénario catastrophe pour la trésorerie du pays qui, selon les estimations de ses réserves en devises qui se situaient autour des 170 milliards de dollars, devrait suffire avec des cours de cet ordre à tenir le coup durant quelque 36 mois. Et après? Ce répit permettra-t-il à l’Algérie qui vient tout juste de jeter les bases d’une économie productrice de richesses de s’affranchir de ses exportations d’hydrocarbures? L’opération prendra du temps pour porter ses fruits.
L’appel à la rationalisation des dépenses, la tentative de réduction de la facture des importations, l’opération de bancarisation qui consiste à remettre les fonds de l’informel dans le circuit officiel, la promotion de la production nationale… risquent de s’avérer insuffisants pour redresser la barre.
Un dispositif qui risque de voler en éclats tant la crise s’annonce redoutable. Les contre-performances de l’économie nationale minée par des prix du pétrole trop bas l’attestent. La facture des importations qui la gangrène est attendue autour des 55 milliards de dollars d’ici la fin de l’année alors qu’il est déjà acquis que les recettes pétrolières n’excéderont pas les 30 milliards de dollars pour quelque 60 milliards de dollars en 2014. Il faut s’attendre à une chute de plus de 50% des revenus enregistrés par le secteur des hydrocarbures qui représente plus de 95% des ventes globales.
Des chiffres qui donnent à réfléchir. Ils montrent surtout que l’heure de vérité approche à grands pas. Que les premières vagues annonçant la tempête ont atteint les récifs des côtes de l’économie nationale. Que dit la «météo»? Hier, vers midi, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 44,67 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 11 petits cents par rapport à la clôture de lundi.
Tandis que dans les échanges électroniques le baril de «light sweet crude» (WTI), côté à New York, perdait en revanche 12 cents à 41,62 dollars.
Une situation morose. Pas de quoi pavoiser. Pas d’amélioration à l’horizon non plus. Les stocks américains ont atteint un niveau record. «Les stocks de pétrole des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) ont gonflé jusqu’à un niveau record de près de 3 milliards de barils à la fin du mois de septembre», indiquent les analystes du second groupe financier allemand, Commerzbank.
L’offre mondiale est pléthorique alors que le déclin de la production de pétrole de schiste américain tarde à produire son effet. Une conjoncture qui met les cours de l’or noir dans le rouge et pousse l’Algérie davantage dans la crise.