Moncef Marzouki, président provisoire de la République a un style… de militant au parlé-cru qui sembler une partie des médias tunisiens… qui au fond lui reprochent sa manière d’appréhender la donne islamiste. Ses déclarations sont ainsi scrutées à la loupe et décortiquées par des journalistes qui font du « rattrapage ». Cela va de la critique un peu spécieuse au reproche, un peu plus étayé, d’oublier qu’il a la charge d’un Etat et qu’il n’est plus un simple opposant
Certains de ces reproches fleurent bon la recherche de la petite bête comme ces commentaires outragés sur l’irresponsabilité présumée d’une déclaration du président tunisien à Mediapart au sujet du tourisme. Dans sa déclaration Marzouki donnait une définition plutôt amusante du tourisme comme étant la seule « invasion pacifique » que l’humanité a connue. « C’est la seule fois où des hordes de Français débarquent en Tunisie et ils n’occupent pas le pays. Ils prennent juste des photos et rentrent chez eux. Dans l’histoire, ce n’est pas connu» a déclaré Marzouki, qui a lancé un appel aux touristes français à venir en Tunisie. « Nous avons besoin de vous, parce que le secteur touristique est complètement à l’arrêt. Venez en Tunisie par patriotisme démocratique, si je puis dire, par solidarité internationale» avait-il ajouté. Certains commentaires ont affecté d’être choqués par la définition du tourisme, pour l’usage du mot « horde » et d’avoir osé dire que le « tourisme est à l’arrêt ». « Ce n’est pas en faisant des déclarations de ce genre qu’on rendra les choses plus faciles pour tous les acteurs qui se démènent à redresser la barre du tourisme (gouvernement, organisations, professionnels, employés…) » le tance le site Webmanager en lui rappelant sévèrement que « quand il a été élu, le 12 décembre, président de la République tunisienne, il avait automatiquement accepté d’épouser la cause des intérêts de l’Etat ».
Des « propos qui frôlent l’incident diplomatique » avec l’Algérie
De manière un peu plus étayée, le site Business News lui reproche de ne pas se départir de son discours de militant politique et d’oublier que ses paroles engagent l’Etat tunisien. L’objet de l’effroi de notre confrère Business News se rapporte aux déclarations faites en Libye par le président tunisien. Il a trouvé normal que les islamistes l’aient emporté dans les « pays du Printemps arabe » et a affirmé que les partis islamistes au pouvoir en Tunisie, en Egypte ou au Maroc ont des programmes qui « sauvegardent les libertés et les acquis dont jouissent les peuples arabes, notamment, en ce qui concerne, les droits de la femme et son importance dans la société ». Mais là, où ses propos « frôlent l’incident diplomatique avec l’Algérie » c’est quand il souligne la nécessité de respecter la victoire des islamistes « sous peine de voir se répéter un incident à l’Algérienne dans les années 90». Marzouki a ajouté que si les « Algériens avaient accepté les résultats des votes, le pays n’aurait pas sombré dans la violence et les bains de sang ». L’opposition tunisienne sous Ben Ali s’était en effet également divisée dans les années 90 sur l’Algérie entre « éradicateurs » et « réconciliateurs ». Moncef Marzouki, le militant des droits de l’homme, était dans le camp des réconciliateurs et son analyse n’a rien de surprenant. Mais le fait de le dire publiquement peu en effet « froisser » le gouvernement algérien. Business News croit pouvoir lire dans une déclaration de Mourad Medelci, le ministre algérien des affaires étrangères, une réponse au président Marzrouki. M.Medelci avait souligné que l’Algérie était souveraine et « elle n’a pas au cours de la décennie noire reçu d’aide d’aucune partie. Elle est aujourd’hui en mesure de partager son expérience avec les autres, mais elle n’a pas de leçons à recevoir”. Bref, selon Business News, l’intérêt de l’Etat commande que Marzouki n’oublie pas qu’il est… Chef de l’Etat et non plus un opposant