Les raisons d’y croire

Les raisons d’y croire

Ancien sélectionneur de la Côté d’Ivoire, Robert Nouzaret nous explique pourquoi elle va peut-être enfin se qualifier en 8es de finale d’un Mondial, ce mardi (22h00) face à la Grèce.

Le «collectif» avant tout

Lors de ses deux précédentes et deux seules participations au Mondial, en 2006 et 2010, la Côte d’Ivoire a été éliminée au premier tour, avec globalement le même noyau de joueurs. 

L’avis de Robert Nouzaret : « Ils ont fini par comprendre qu’il y avait certaines choses à faire sur le plan collectif pour ne pas revivre les déboires du passé. Sachant que certains joueurs disputent leur dernière Coupe du monde, ils ont semble-t-il enfin décidé de montrer de quoi ils étaient capables. Je ne sais pas s’il y a eu une prise de conscience collective parce que pour dire ça, il faut être au milieu. Mais manifestement, ils ont trouvé c’est ce qu’il manquait jusque-là. Les mecs se sont mis dans la tête de jouer à 23. C’est un peu comme en équipe de France en ce moment. Il n’y a pas d’égo. Quand vous arrivez à obtenir cette ambiance-là, la valeur de vos joueurs est décuplée et vous pouvez battre n’importe qui. »

Le «message» de Sabri Lamouchi passe
Jeune retraité des terrains (42 ans) et nommé sélectionneur au printemps 2012, l’ancien international tricolore occupe actuellement son premier poste sur un banc de touche. 
L’avis de Robert Nouzaret : « Je le connais, j’ai travaillé avec un de ses adjoints, un préparateur physique. Il a sans doute su faire passer son message auprès des joueurs, qui les a transcendés. Son discours est la conséquence de son expérience personnelle. Même s’il n’a jamais été entraîneur, cela ne l’empêche pas d’être sélectionneur. Il suffit de choisir les bons joueurs et d’avoir une bonne gestion humaine. Pour lui, c’est une étape qui va lui permettre d’avoir une bonne trajectoire par la suite, très certainement en clubs. »
Drogba «accepte» d’être remplaçant
Leader charismatique, longtemps capitaine emblématique et star galactique, l’attaquant de Galatasaray (36 ans) n’a pas débuté les deux premiers matches, au profit de Wilfried Bony.
L’avis de Robert Nouzaret : « Lamouchi est un gars intelligent et Drogba, un grand professionnel, à la mentalité irréprochable. C’est un mec sans reproche, je le sais parce durant ma deuxième période à la tête de cette sélection (2002-2004), j’ai fait venir pas mal de joueurs dont Drogba, c’était le début de l’aventure. Quand vous participez aux fondations de quelque chose et que ça marche, vous êtes content. Je pense aujourd’hui que si Drogba est sur le banc, c’est la conséquence d’une discussion entre deux hommes qui se sont compris. Lamouchi n’a certainement pas eu la bêtise de risquer d’avoir une crise interne à cause de ça. Il a bien réfléchi, il a discuté et est tombé sur un joueur qui accepte, même s’il est sans doute vexé. »
«Des conditions excellentes» en termes d’organisation
Contrairement au Cameroun, qui s’est encore distingué cette année par des problèmes extra-sportifs et des conflits en interne, la Côte d’Ivoire ne fait jamais de vagues. 
L’avis de Robert Nouzaret : « Avec les sélections africaines, vous ne savez jamais comment ça va se passer, même si vous avez les meilleurs joueurs. Parce qu’eux arrivent en sélection avec un état d’esprit complètement différent de celui qu’ils ont en club, où ils doivent avoir une exigence très importante, où ils sont très bien encadrés. Mais la Côte d’Ivoire est la sélection la plus proche des nations européennes en termes d’organisation. C’est un atout supplémentaire. J’ai toujours apprécié la mentalité des Ivoiriens et surtout celle de ses dirigeants. Ils ont toujours tout fait pour que leur équipe soit placée dans des conditions excellentes à tous les points de vue. »