En dépit de ses riches potentialités naturelles et ses multiples atouts, notamment dans les secteurs de l’agriculture, l’industrie et le tourisme, la wilaya de Chlef sombre dans la déchéance socioéconomique avec son lot de chômage galopant qui frappe de plein fouet les jeunes de la région.
Pourtant, il existe un certain nombre de projets structurants qui auraient permis à la wilaya d’amorcer une réelle relance économique avec la participation des opérateurs locaux aux capacités reconnues au niveau national. Le cas du projet de réaménagement et de mise en valeur de la plaine de Yessria, dans la commune de Oued Fodda, à l’est de Chlef, en est la parfaite illustration.
Ce périmètre de 1500 ha, qui était à l’abandon depuis trois décennies à cause des crues récurrentes de l’oued Cheliff, a bénéficié d’un budget faramineux (580 milliards de centimes) pour sa protection et la réalisation d’un vaste réseau d’irrigation. Les travaux, exécutés par un groupement d’entreprises nationales pour le compte de l’Office national de l’irrigation et du drainage (ONID), ont porté sur la réalisation des réseaux de distribution et d’assainissement ainsi que la réhabilitation et le renforcement du barrage d’Oum Drou.
L’opération a été achevée en 2016, mais pour des raisons obscures, l’exploitation de ce périmètre se fait toujours attendre. Pourtant, un avis d’appel à manifestation d’intérêt avait été lancé en février 2017 par l’Office national des terres agricoles (ONTA) et des soumissions d’investisseurs intéressés furent déposées au niveau de son bureau à Chlef. Le cahier des charges élaboré à cet effet prévoit des investissements dans les filières des agrumes, de la production de lait cru et d’élevages ovin et bovin.
Cependant, aucune suite n’a été réservée à ce jour aux investisseurs concernés, qui restent dans l’expectative et s’interrogent sur les raisons de ce blocage prolongé. «Il s’agit pourtant d’investissements dans le secteur agricole pour la mise en valeur de terres longtemps à l’abandon, et ce, conformément aux orientations et directives du gouvernement. D’ailleurs, la récente circulaire interministérielle n°750 du 18 juillet 2018, portant assainissement du foncier agricole et signée par les ministres de l’Intérieur, de l’Agriculture et des Finances, ne fait que rappeler aux walis la nécessité d’œuvrer sans relâche pour la mise en œuvre des dispositions de la circulaire interministérielle n°1839 du 14 décembre 2017, relative à l’accès au foncier dans le cadre de la promotion de l’investissement par la mise en valeur des terres», ont souligné des sources dépitées par le sort réservé à ce dossier.Interpellé à plusieurs reprises sur le sujet, le wali de Chlef, Abdellah Benmansour, n’a formulé que de vaines promesses à cet égard, révèlent les mêmes sources.
Qui a intérêt à bloqué cet important dossier d’investissement dans le secteur agricole et pourquoi ? s’interroge la population de Bir Saf Saf, où se trouve le périmètre irrigué en question. En fait, ce projet n’est pas un cas isolé, puisqu’un autre dossier économique, aussi important, fait l’objet des mêmes entraves, en l’occurrence la réalisation de deux parcs industriels à Boukadir et Oued Sly, le long de l’autoroute Est-Ouest traversant la partie ouest de Chlef. Si pour la première zone, l’étude technique a été refaite à deux reprises, pour la seconde, les travaux d’aménagement ont été subitement stoppés après leur lancement en avril 2017, et l’opération fut transférée à la wilaya pour son exécution. Cependant, le projet se trouve toujours à la case départ avec toutes les conséquences que cela entraîne sur la relance des investissements industriels dans la région.
