ParÂ
L’objectif politique de cette visite a certainement Ă©tĂ© atteint, dans le volet Ă©conomique on s’est contentĂ© de promesses.
ImposĂ©e par un calendrier politique quelque peu contraignant, en raison d’une actualitĂ© «dĂ©bordante» obligeant le prince hĂ©ritier d’Arabie saoudite Ă un marathon diplomatique qui s’apparente Ă une opĂ©ration de charme, le court sĂ©jour algĂ©rois de Mohamed Ben Salmane n’a visiblement pas Ă©tĂ© très bien prĂ©parĂ© sur son volet Ă©conomique. Il reste qu’au regard des dĂ©clarations des officiels saoudiens, la perception a changĂ© et des promesses autrement plus directes ont Ă©tĂ© faites aux ministres algĂ©riens.
Le prince hĂ©ritier qui a eu un entretien avec le Premier ministre connaĂ®t bien l’AlgĂ©rie pour lui avoir tenu tĂŞte sur les dossiers iranien, syrien et yĂ©mĂ©nite, a certainement besoin d’en faire un partenaire objectif pour la gestion desdits dossiers. L’affaire Khashoggi qui le fragilise devant ses adversaires «gĂ©nĂ©tiques» est un facteur supplĂ©mentaire l’obligeant Ă s’appuyer sur la sagesse algĂ©rienne pour se sortir d’une passe difficile. La rĂ©action très claire d’Alger sur cette question considĂ©rĂ©e comme une affaire interne Ă l’Arabie saoudite, permet de placer les premiers jalons d’un traitement politique, avec pour l’AlgĂ©rie, un rĂ´le Ă la mesure de l’efficacitĂ© de sa diplomatie.
En fait, si le volet politique de la visite qui lui a fait faire plusieurs capitales arabes, retient l’intĂ©rĂŞt des observateurs, en ce sens que Riyadh se devait de jauger les uns et les autres et expliquer certainement les implications futures de certains positionnements, l’Ă©tape d’Alger participe de la concertation, entre deux Etats majeurs dans la rĂ©gion Mena. L’objectif politique de cette visite a certainement Ă©tĂ© atteint, mais l’Ă©conomie n’a visiblement pas suivi. La maigre «rĂ©colte» qui se rĂ©sume en cinq petit projets, sans la moindre ambition, rĂ©duit la session de la commission mixte qui s’est rĂ©unie, hier, Ă sa plus simple expression.
Cela Ă©tant, les ministres saoudiens qui ont accompagnĂ© le prince hĂ©ritier ont eu une attitude beaucoup plus intĂ©ressante et intĂ©ressĂ©e que lors de la rencontre de mĂŞme nature tenue en avril dernier en Arabie saoudite. Bien que l’on ne puisse se fier aux seules dĂ©clarations d’intention, il y a lieu de retenir le propos du ministre saoudien du Commerce de l’Investissement «les potentialitĂ©s de l’AlgĂ©rie en matière de diversification de son Ă©conomie» et surtout la disponibilitĂ© de son pays d’examiner conjointement avec l’AlgĂ©rie la «rĂ©alisation de grands projets dans de nombreux domaines, notamment l’industrie chimique».
Le mĂŞme ministre qui a donnĂ© sa bĂ©nĂ©diction Ă l’organisation en Arabie saoudite d’une grande foire des produits algĂ©riens au premier semestre 2019, fait un sĂ©rieux pas dans le sens du partenariat en acceptant des rencontres directes et suivies entre les opĂ©rateurs Ă©conomiques des deux pays. La manifestation Ă©conomique algĂ©rienne sera confortĂ©e par une forte prĂ©sence d’hommes d’affaires algĂ©riens, rappelle un communiquĂ© commun cosignĂ© par les deux ministères du Commerce Ă l’issue d’un entretien en marge des travaux de la commission mixte.
On peut raisonnablement estimer que la visite du prince hĂ©ritier annonce un virage dans la manière de faire de l’Arabie saoudite dans ses relations avec l’AlgĂ©rie. On en a pour preuve, la crĂ©ation d’un Haut Conseil de coordination algĂ©ro-saoudien coprĂ©sidĂ© par Ahmed Ouyahia et Mohammed Ben Salmane. Il y est question de consolidation «de la coopĂ©ration dans les domaines politique, sĂ©curitaire et de la lutte contre le terrorisme et l’extrĂ©misme, ainsi que dans les domaines de l’Ă©conomie, du commerce, de l’investissement, de l’Ă©nergie, de l’industrie minière, de la culture et de l’enseignement», note le communiquĂ© commun sanctionnant la visite.
On verra l’ampleur de cet intĂ©rĂŞt lors de la Foire algĂ©rienne annoncĂ©e par le ministre du Commerce, SaĂŻd Djellab. Mais le propos le plus rĂ©vĂ©lateur d’une probable Ă©volution de l’attitude de Riyadh, tient dans le propos de son ministre du Commerce et de l’Investissement qui a dĂ©clarĂ© qu’ il Ă©tait difficile d’accĂ©der au marchĂ© africain «sans des investissements solides en AlgĂ©rie». Doit-on interprĂ©ter cette dĂ©claration comme une intention d’investissements massifs en AlgĂ©rie? L’avenir proche nous le dira.