Aujourd’hui, au tribunal criminel de Dar El Beida, se tient enfin le procès de Ali Ghediri, incarcéré depuis plus de deux ans. Le procès s’ouvre donc ce mercredi 22 septembre, après plusieurs mois d’attente et de détention préventive du général à la retraite.
Le général à la retraite fait face aujourd’hui à plusieurs accusations. La Chambre a indiqué que le mis en cause est poursuivi pour avoir « impliquer l’institution militaire dans la vie politique ». Ghediri est également poursuivi pour avoir voulu « nuire au moral des troupes de l’armée dans un temps de paix ».
Pour Rappel, Ghediri avait déclaré, dans un entretien accordé au quotidien El Watan, en décembre 2018, que « l’institution militaire est responsable devant la situation sensible actuelle ».
Ahmed Gaid Salah et la candidature aux présidentielles
Ghediri ne mâche pas ses mots. Il révèle que sa candidature aux dernières présidentielles « déplaisait à certains responsables ». Le général à la retraite ne s’arrête pas là, il indique qu’on lui a fait savoir lors de l’interrogatoire qu’il avait subi à Antar que sa candidature « pourrait avoir des répercussions ».
En outre, Ali Ghediri lâche une véritable bombe. Il déclare devant le juge que « si sa candidature à la présidentielle est un crime alors il n’est pas le seul criminel ».
Le général à la retraite a notamment affirmé qu’il « reste convaincu que le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah ne permettra à qui que ce soit de violer d’une manière aussi outrageuse la Constitution”. Ali Ghediri a également relu, devant le juge, quelques passages de son entretien accordé au quotidien El Watan, et à cause duquel il est poursuivi.
Il est à noter que Ghediri s’est également exprimé sur ses relations avec Hocine Gasmi, qui s’est fait passer pour un certain Gouasmi Hocine. Ali Ghediri indique qu’il n’avait pas douté de son identité. “J’ai vu des photos de lui avec de hauts responsables de l’État. Si l’État a pu lui faire confiance alors moi aussi”, a confié le général à la retraite.
« Je m’exprimais en tant que citoyen », proteste Ghediri
Le général à la retraite a été appelé à la barre aux environs de 13 h. Ghediri est questionné à propos de ses contributions dans médias, notamment sur son entretien accordé à El Watan. Ghediri affirme qu’il fait ça depuis 2015, date de son admission en retraite. Selon Ali Ghediri, il s’exprimait en tant que citoyen, « chose qu’aucun article de loi ne lui interdisait de faire ».
Ali Ghediri, qui est accusé d’avoir porté “atteinte au moral de l’armée”, va déclarer devant le juge qu’il ne s’exprimait que « sur la situation politique en tant que citoyen ». Pour le général à la retraite, il n’a jamais été question pour lui de porter « atteinte aux institutions de l’État ». Le juge rappelle toutefois au mis en cause qu’il avait écrit que « les institutions ont failli ». Chose à laquelle Ghediri ne manque pas de répondre.
“Comment définissez-vous une institution qui ferme les portes de l’assemblée nationale populaire (APN) avec des cadenas ?”, s’interroge Ghediri en guise de réponse à l’accusation du Juge. Il est à noter que l’avocate du général à la retraite, Zoubida Assoul, a protesté devant le juge quant aux questions posées à son client et qui concernent des publications qui datent de 2015. L’avocate a notamment indiqué qu’il faillait pour cela « une nouvelle instruction ».