Les travaux de la 7e réunion ministérielle ordinaire des pays voisins de la Libye se sont déroulés hier à l’hôtel El Aurassi, à Alger, en présence du nouveau représentant du secrétaire général de l’ONU en Libye, Martin Kobler, afin de prendre le pouls de la situation dans ce pays.
De plus en plus, la communauté internationale, et notamment les pays occidentaux qui ont participé au sein de la coalition à l’intervention militaire de l’Otan en Libye, appréhende avec un réalisme contraint les conséquences de cette action dans un pays aujourd’hui déchiré entre deux puissantes factions qui prétendent chacune au leadership sans compter la menace des groupes terroristes dont la présence et la progression rampante font craindre le pire.
Tous les pays voisins (Algérie, Egypte, Soudan, Niger, Tchad et Tunisie), en plus des délégations libyennes et des représentants de l’Union africaine, de la Ligue arabe et de l’Union européenne étaient de ce fait présents à cette séance de coordination qui devait permettre l’évaluation et l’analyse de la conjoncture, à la lumière des derniers évènements aussi bien en Libye que dans la région maghrébine et sahélienne.
Comme il l’avait indiqué à la veille de la réunion, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a réitéré, à la faveur des discussions entre l’ensemble des participants, l’appui intangible de l’Algérie ´´ au processus en cours sous l’égide des Nations unies pour accélérer la formation d’un gouvernement d’union nationale capable de mener à bien la période de transition et de relever les multiples défis auxquels est confrontée la Libye, notamment celui du terrorisme´´.
Immuable, la position de l’Algérie a sans cesse privilégié la solution politique pour parvenir à mettre fin effectivement à la crise, tout comme elle a également insisté sur l’importance d’un gouvernement d’union nationale qui seul permettra de restaurer, et surtout de faire respecter, l’unité et l’intégrité territoriales de ce pays.
En mettant, une fois encore, l’accent sur l’engagement «franc et constant» de l’Algérie pour l’aboutissement de la démarche en faveur d’une solution pacifique, Messahel n’a pas manqué de rendre hommage au rôle ´´majeur´´ de l’ONU dans la supervision du processus de paix, tout en assurant le représentant du secrétaire général de l’ONU en Libye de la constance de la position algérienne qui vise à garantir ´´l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté de ce pays ainsi que la cohésion de son peuple´´.
La réunion d’Alger intervient dans le prolongement de celle tenue à N’Djamena (Tchad) en juin dernier, et on se souvient que deux mois plus tard, les annonces d’un accord imminent sur la formation du gouvernement d’union nationale avaient généré un espoir considérable aussi bien au sein du Groupe des pays voisins qu’au plan international.
Mais très vite, la déception aura été au rendez-vous, avec le rejet du document par le Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, puis par le CGN de Tripoli. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, tous membres du Conseil de sécurité de l’ONU, avaient alors multiplié les mises en garde contre la poursuite de manoeuvres dilatoires, aggravées par des attaques épisodiques de l’Etat islamique, d’Aqmi agissant au nom d’El Qaîda et par les tentatives répétées de Boko Haram de s’implanter sur la zone frontalière sahélo-libyenne.
Plus que jamais, la prise de conscience des conséquences graves que la poursuite du conflit risque d’entraîner aussi bien au Maghreb qu’en Méditerranée où le drame des migrants n’a pas fini d’empirer est telle que le Groupe des pays voisins entend user de toutes ses forces pour convaincre les parties libyennes d’aboutir enfin à l’accord tant attendu. C’est en tout cas ce qu’a expliqué le nouvel émissaire de l’ONU, Martin Kobler, qui a déclaré à l’issue d’un entretien avec Messahel: «Nous avons la majorité de Tobrouk et celle de Tripoli. Il faut élargir cette majorité et je ferai tout mon possible pour promouvoir ce processus.».