Les soldes ont débuté depuis deux jours à Alger: Une farce très prisée

Les soldes ont débuté depuis deux jours à Alger: Une farce très prisée

«A vos poches! Les soldes ont débuté avant-hier et s’étaleront jusqu’au 31 août prochain», annonce la direction du commerce.

C’est le moment opportun pour nombre de familles à faibles revenus de s’approcher allégrement et sans crainte des grandes marques qui leurs sont jusque-là interdites à cause des prix exorbitants qu’elles pratiquent. D’ailleurs, depuis l’annonce des soldes à la radio et dans les médias, les consommateurs se sont déjà mis en action dans les centres commerciaux. C’est la grande vague, la déferlante des citoyens notamment dans les centres commerciaux comme celui de Bab Ezzouar et Ardis. C’est une atmosphère frénétique qui règne. On a même tendance à oublier les règles du civisme. Les boutiques des grandes marques où régnaient autrefois calme et quiétude, sont prises d’assaut. Le personnel est dépassé et les vêtements se retrouvent très souvent par terre. L’ambiance ressemble curieusement à celle de l’avant-Aïd, soit d’une extrême intensité. Certains s’organisent en familles ou entre amis, mais surtout démarrent très tôt afin de ne pas manquer cette soi-disant «bonne affaire». Des acheteurs affirment que «des opportunités sans précédent sont possibles». C’est le cas pour Myriam qui s’y est pris en temps utile, dès le début des soldes. Elle ajoute que «plus on arrive tôt, plus on a le choix». Autrement dit, on a plus de chances de trouver la bonne taille ou les meilleures articles en début de soldes que vers la fin.

Cependant, d’autres révèlent que les soldes sont de la simple tromperie, et même une arnaque très courante. Il n’est pas rare de voir qu’un commerçant gonfle ses prix avant les soldes, simulant ainsi une offre promotionnelle qui ne l’est pas en réalité. Mais ce n’est pas souvent la joie. Nombre de citoyens rencontrés à la sortie des boutiques exténués, affirment que ces affiches annonçant des rabais de 20, 30 à 70% ne sont en réalité que de la «publicité mensongère» annoncée chaque saison de ventes promotionnelle. Une des clientes rencontrées dans un centre commercial a indiqué que les prix des vêtements de marques étrangères «n’ont pas changé», se demandant sur quelle base des rabais allant entre 20 et 50% ont été définis. On a constaté également que plusieurs commerces n’affichaient pas la mention «Soldes» sur leurs vitrines mais plutôt des affiches de réductions allant de 20% à 80%.

D’autres affiches mentionnent des prix attractifs, mais une fois dans le magasin, impossible de trouver les produits indiqués. Certains commerçants sont prêts à aller très loin pour séduire la clientèle. «Il est conseillé de vérifier en dessous des étiquettes aux prix soldés, le prix initial. Des étiquettes douteuses s’y cachent parfois», explique Sarah, une habituée des soldes. Par ailleurs, le commerçant peut aussi volontairement introduire une confusion entre les articles soldés avec ceux qui ne le sont pas. Une pratique que le client ne relève pas, même en passant à la caisse vu la quantité des articles achetés. L’Algérie, n’est hélas pas le seul pays à être confronté à cette pratique frauduleuse, d’autres y ont recours, et non visiblement par peur de commettre des infractions. Néanmoins, la loi existe, les contrôleurs aussi, mais finalement qui contrôle qui? Il reste que cette culture des soldes est très nouvelle dans un pays où le «trabendo» (marché parallèle) avait la part belle du marché.

L’arrivée de cette nouvelle pratique des soldes, qui a été promulguée par un décret présidentiel depuis 2006, va bouleverser et les habitudes de consommation et les pratiques commerciales. Une révolution induite par la mondialisation dans sa nouvelle version contemporaine, même si pour le moment elle n’a pas vraiment été appliquée correctement… D’une certaine façon, la mondialisation fait peur de par ses transformations plus ou moins radicales. D’un autre côté, elle apporte un changement positif et parfois très accommodant. C’est une mutation profonde qui a des conséquences sur la société et les institutions (sociales, politiques, économiques et culturelles) les poussant donc à se redéfinir. Un peu de changement ne fera pas de mal, pour un pays aussi jeune que l’Algérie. Pourvu que ça…. solde.