Méziane Meriane juge l’avertissement de la tutelle comme «un dérapage et une provocation inutiles», ajoutant que «s’il y a problème ou injustice, il y aura grève conformément aux lois de la République».
Le secrétaire général du ministère de l’Education nationale, Boubekeur Khaldi, a profité de la conférence de presse se rapportant à l’annonce officielle des résultats des examens de 6e et du BEM pour mettre en garde les syndicats.
Faisant référence aux grèves cycliques qui ont marqué l’année scolaire 2009-2010, il dira que «désormais, le ministère de l’Education nationale ne permettra plus la fermeture des établissements scolaires. Ce qui s’est passé l’année dernière, ne se reproduira plus à partir de la prochaine année scolaire».
Le Syndicat national des professeurs d’enseignement secondaire et technique (Snapest), par la voix de son porte-parole Méziane Meriane, jugera l’avertissement de la tutelle comme «un dérapage et une provocation inutiles», ajoutant que «s’il y a problème ou injustice, il y aura grève conformément aux lois de la République».
En outre, le porte-parole du Snapest relèvera que «toutes les actions menées par son syndicat ont été conformes à la réglementation du travail en vigueur», poursuivant que son syndicat «n’a fait que défendre l’intérêt des travailleurs».
Aussi, M. Meriane s’interrogera sur «la justesse de cette provocation qui met inutilement de l’huile sur le feu, d’autant plus que les professeurs ont fait preuve de professionnalisme aussi bien pour le rattrapage des cours perdus, la surveillance de l’examen du baccalauréat que la correction des copies». Il enchaînera que «les professeurs méritent beaucoup plus de respect».
Par ailleurs, le syndicaliste dira que «les grèves ne sont pas décrétées avec gaieté de cœur. C’est la seule arme à utiliser face à l’injustice». A ce propos, il fera remarquer que «nous aussi sommes touchés par les conséquences des grèves. Nous avons des enfants scolarisés qui ont été touchés au même titre que les autres élèves».
«Déclarations irresponsables»
Pour sa part, Messaoud Amraoui, chargé de la communication de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), indiquera que cette décision est «une fuite en avant», affirmant que «la solution idéale aux problèmes du secteur demeure dans un dialogue efficace et responsable à l’issue duquel des solutions pourront être apportées, notamment en ce qui concerne la question des œuvres sociales, le dossier des retraites et la médecine du travail».
A ce propos, le syndicaliste affirmera qu’en cas de non satisfaction de ces revendications, «nous recourrons, à la prochaine rentrée scolaire, à la grève qui est un droit constitutionnel consacré par la loi 90-02».
Il poursuivra que «si le ministère de l’Education nationale veut interdire la grève, il devra passer par un référendum et abroger le droit à la grève des lois de l’Etat algérien». Le porte- parole de l’Unpef dira également que «si nous recourrons à la grève, c’est parce que nous y sommes contraints».
S’adressant à la tutelle, il indiquera que «nous pouvons nous inspirer de l’exemple de l’Allemagne qui interdit la grève mais qui en contrepartie garantit aux enseignants toutes les conditions éducatives, pédagogiques et sociales». Par ailleurs, M. Amraoui déplorera «les déclarations irresponsables du secrétaire général du ministère de l’Education nationale qui nous a comparés à des jardiniers et à des chauffeurs de bus».
«Nous continuerons à critiquer l’échec des politiques éducatives»
A cela, le syndicaliste répondra que «nous sommes des éducateurs. Nous pratiquons l’action éducative sur le terrain et non entre quatre murs».
«Nous continuerons à critiquer l’échec et les défaillances des politiques éducatives», poursuivra-t-il. Concernant les taux élevés de réussite aux épreuves de 6e et du BEM, l’interlocuteur relèvera que «cela est dû aux sujets accessibles même aux élèves en dessous du niveau requis et à un barème de notation large», invitant à ce sujet le ministère à vérifier ces deux critères.
Aussi, lancera-t-il à la tutelle un appel pour «tracer un véritable projet de société en quête de modernité à l’instar de la Malaisie et des USA».
Il reconnaîtra que «certes, le taux élevé de élèves reçus contribuera à réduire l’échec scolaire, mais en parallèle il accentuera le problème de la surcharge des classes, particulièrement celles de 1re AM et de la 1re AS.
t là, nous serons bien loin de la classe modèle composée de 25 à 30 élèves». «Une surcharge, poursuivra le syndicaliste, qui pénalisera aussi bien le professeur que les élèves dans la transmission et l’assimilation des cours».
«Le 1er jour de la rentrée 2010-2011 sera boycotté»
A ce titre, Amraoui appellera le ministère de l’Education nationale à «ouvrir un débat objectif avec les partenaires sociaux qui permettra une critique constructive, loin de la politique de la fuite en avant et de la langue des chiffres».
Quant au Conseil des lycées d’Algérie (CLA), son porte-parole Iddir Achour indiquera que «seule la satisfaction de nos revendications et l’amélioration de nos conditions sociales feront cesser les grèves, sinon nous continuerons dans la protestation». Et de poursuivre dans ce contexte que «le ministère n’a qu’à trouver des remplaçants aux 350 000 professeurs s’il veut les mettre dehors».
Il annoncera, en outre, le boycott «de la première journée de la rentrée scolaire prochaine si nos revendications, surtout celles des retraites et la modification du statut particulier, ne sont pas satisfaites».
Lynda N. Bourebrab