Les tensions géopolitiques pèsent sur les prix du pétrole: Le baril flambera-t-il?

Les tensions géopolitiques pèsent sur les prix du pétrole: Le baril flambera-t-il?

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Les tensions irano-américaines qui sont montées d’un cran n’ont paradoxalement pas provoqué d’envolée spectaculaire des cours de l’or noir.

Le président des Etats-Unis Donald Trump, qui fait des pieds et des mains pour faire baisser des prix du pétrole qu’il juge trop élevés, risque cependant de produire l’effet inverse. Les cours de l’or noir qui s’affichaient à la hausse, hier, sur fond de menaces d’une violence inégalée du président américain contre Téhéran, ne semblaient toutefois pas trop influencés par les propos guerriers qu’il a tenus contre la République islamique d’Iran. «Ne menacez plus jamais les Etats-Unis ou vous allez subir des conséquences telles que peu au cours de l’histoire en ont connues auparavant», avait-il écrit dimanche sur Twitter dans un message adressé directement au président iranien Hassan Rohani avant d’en rajouter une couche: «Nous ne sommes plus un pays qui supporte vos paroles démentes de violence et de mort. Faites attention.» Cette animosité sans bornes que voue le successeur de Barack Obama au régime de Téhéran intervient après un discours sans concessions prononcé par son homologue iranien contre la première puissance mondiale. Des propos qui ne sont qu’une réplique aux récurrentes menaces du locataire de la Maison-Blanche qui a promis de rétablir les sanctions contre l’Iran, mettre ses exportations pétrolières sous embargo, après avoir rompu l’accord sur le nucléaire iranien.

Le dirigeant iranien a de nouveau averti que son pays pourrait fermer le détroit stratégique d’Ormuz, qui contrôle le Golfe: couloir maritime de plus d’un tiers du pétrole mondial. «Nous sommes le garant de la sécurité de ce détroit depuis toujours, ne jouez pas avec la queue du lion, vous le regretterez», a-t-il prévenu. Passage obligé par où transitent 40% du pétrole mondial, la manipulation de ce verrou géopolitique provoquerait une flambée des prix du pétrole sans précédent. Elle pourrait atteindre instantanément des dizaines de dollars selon certaines prévisions. On n’en est pas encore là certes, les Iraniens ont entre leurs mains cette arme redoutable. Ils ne resteront pas les bras croisés contre les menaces d’embargo dont est ciblé leur pétrole. Une mesure de rétorsion envisagée par les Américains, avec à la clé une hypothétique attaque militaire dont le scénario est probablement en train de s’écrire. Cette contre-offensive verbale iranienne, tout comme les propos belliqueux du chef de la Maison-Blanche qui n’ont eu pour effet que de doper les cours de l’or noir lundi, semblaient avoir plus d’effet hier. Vers 15h20, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s’échangeait à 73,77 dollars sur l’Intercontinental Exchange de Londres, en hausse de 71 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, se négociait à 68, 89 dollars, enregistrant un gain d’un dollar. Les craintes d’une envolée des prix sont désormais avérées et il est fort possible qu’elle soit déclenchée par la dégradation des relations irano-américaines.

«L’Iran est la clé du marché du pétrole pour les prochains mois», a indiqué Stephen Brennock, analyste chez PVM. Toute déclaration émanant d’un camp ou d’un autre pèsera dans la balance. «A court et moyen terme, l’impact de la guerre commerciale et le constat du fait que le président Trump et son administration sont vraiment prêts à en découdre sur ce sujet commencent à pénétrer les consciences des courtiers et investisseurs dans le pétrole et les autres marchés financiers», explique Greg McKenna, d’AxiTrader. Le baril flambera-t-il? Les cours de l’or noir peuvent envisager un retour assez proche des 80 dollars, prédisent les spécialistes. Les prix du pétrole devraient continuer à évoluer sur une courbe ascendante, stimulés par les menaces américaines persistantes qui pèsent sur Téhéran, que cela soit au niveau du durcissement des sanctions sur le plan économique ou de celui plus «dévastateur» d’une agression militaire. Cela dépendra de l’humeur de Trump…