Les vendeurs ambulants sur les plages: Un phénomène qui prend de l’ampleur à Jijel

Les vendeurs ambulants sur les plages: Un phénomène qui prend de l’ampleur à Jijel

Si la saison estivale est synonyme de repos et de détente pour de nombreux Algériens, elle est par contre une opportunité pour d’autres pour se faire de l’argent en ces temps de crise caractérisée par l’érosion du pouvoir d’achat d’une large couche sociale.

Une simple virée aux plages de la wilaya de Jijel en cette saison estivale nous renseigne sur la prolifération des vendeurs ambulants essentiellement des gosses dont l’âge ne dépasse guère 15 ans. Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur ces dernières années, signe d’une société à deux vitesses.

Rencontré sur la plage de Tassoust dans la commune Emir-Abdelkader, le lycéen Ammar est le modèle type de ces commerçants gosses sillonnant à longueur de journée sous un soleil torride le long de cette plage sur une distance de plus de deux kilomètres pour vendre des beignets aux milliers de baigneurs dans le but de gagner un peu d’argent en ces temps de vaches maigres. Approché par nos soins, Ammar en tenue d’été, portant short et un tricot, de faible corpulence, visage frêle, de teint mat, timide, cherche difficilement ses mots pour raconter son histoire. Visiblement issu d’un milieu social modeste.

«J’habite la commune de Kaous à quelques kilomètres d’ici. Je débute d’habitude ma journée à 10h mais aujourd’hui, je commence après la prière du vendredi pour vendre des beignets afin de me faire un peu d’argent. Et de poursuivre, je suis lycéen et je dois acheter mon trousseau scolaire et aider ma famille car mon père est travailleur occasionnel. Yelzam en’debbar rassi el hala rahi saâiba (il faut que je me débrouille la vie est difficile). J’achète ces beignets auprès de quelqu’un, ensuite je les vends avec une marge bénéficiaire,

30 DA la pièce. C’est un prix abordable pour les estivants», nous a confié notre jeune interlocuteur avec un discours d’une personne visiblement marquée par les aléas du temps. Derrière son regard triste, se cachent l’attente de sa famille et la dureté de la vie qui a ôté à ce gamin le droit de profiter de ses vacances pour se baigner et s’amuser avec ses copains du quartier.

Il y a lieu de souligner que le cas de Ammar relance de nouveau le travail des enfants en Algérie et me fait rappeler un ouvrage intitulé Les gosses de guerre au moment où le matraquage du JT de 20h montrant les enfants de toute l’Algérie s’amusant sur nos plages dans des sites paradisiaques se poursuit quotidiennement.

Ammar, à l’instar des gosses de son âge, rêve d’avoir des vacances pour faire des voyages et s’amuser. A la plage de Tassoust, ils sont une trentaine, sinon plus, de vendeurs ambulants dont la majorité sont âgés entre 10 et 15 ans qui sillonnent, sous un soleil torride, la plage tout au long de la journée pour gagner quelques sous. Un parcours du combattant pour «ces petits soldats».

Les scènes de Ammar, Zinou, Ahmed, Farès avec leurs étals de fortune accrochés à leurs épaules chétives vendant des beignets, des mhadjeb, des gâteaux secs, des cigarettes, du thé, des objets décoratifs, parcourant des dizaines de kilomètres quotidiennement sur un sable brûlant résument le quotidien difficile d’une bonne partie d’Algériens qui ne figure pas dans la liste des priorités de nos politicards atteints de cécité vis-à-vis de ce décor truffé de tristesse.

Bouhali Mohammed Cherif