Le monde connaît une explosion sans précédent des ventes d’armes, dopées par la demande exponentielle en provenance d’Asie. C’est l’un des principaux enseignements de l’étude très fouillée publiée ce mardi par la compagnie d’intelligence économique IHS Jane’s. Malgré la récession mondiale, ce commerce a augmenté de 30% entre 2008 et 2012, passant de 56,5 milliards de dollars à 73,5 milliards. Si cette tendance se poursuit, il aura plus que doublé en 2020, écrivent les experts de cette compagnie, qui fait autorité en la matière.
Autre enseignement de taille : à ce rythme, les dépenses militaires consenties par l’Asie seront supérieures à celles de l’Amérique du Nord à l’horizon de 2021. Les mastodontes locaux consentent en effet un effort sans précédent en terme d’équipements. Selon le classement établi par IHS Jane’s en 2012, l’Inde est le premier importateur mondial, avec une augmentation de plus de 70% de ses achats entre 2008 et 2012, devant l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et la Turquie. Sur la même période, ces deux derniers pays ont enregistré des hausses de 116,4% et de 172,5%.
Avec un budget militaire de 126,29 milliards de dollars en 2012, la Chine se classe au deuxième rang mondial, loin derrière les Etats-Unis (656,21 milliards), mais devant la Grande-Bretagne (60,95 milliards), la Russie (58,96 milliards) et la France (51,27 milliards). Toutefois, souligne cette étude, alors que les USA devraient baisser leur budget défense de 28% entre 2012 et 2021, la Chine va l’augmenter 64,1%. Résultat, en 2021, les USA auront un budget de 472,25 milliards de dollars contre 207,24 milliards côté chinois. Un écart conséquent mais qui se réduit.
En cette période de crise économique, qui se traduit par moins de commandes domestiques, les sociétés de ventes d’armes occidentales n’ont pas le choix, note IHS Jane’s: elles doivent booster leurs exportations si elles veulent éviter le déclin inexorable. Mais, relève l’expert Guy Anderson, cette perspective est «à double tranchant», puisque ce faisant elles renforceront d’autant les capacités militaires des pays d’Asie, notamment de la Chine et de l’Inde. Et verront fondre leur avance stratégique, les contrats actuellement négociés prévoyant d’importants transferts de technologies.
Au passage, on relève dans ce rapport très fourni quelques constats intéressants : en 2014, Israël devrait vendre deux fois plus de drones que les Américains, devenant ainsi le premier exportateur mondial de ce type de matériels. Ou encore ceci : entre 2008 et 2012, l’augmentation des exportations américaines – de plus de 40% – s’explique notamment par les ventes d’armes à l’Irak et à l’Afghanistan, deux pays où les GI’s sont intervenus.