Il est aussi légitime que de reprocher aux responsables leur absence durant cette épreuve, leur manque de réactivité, de communication, de compassion, mais de là à les accuser de refuser une aide menant à mort d’homme, c’est démesuré.
Depuis hier, le wali de M’sila est au coeur des critiques pour sa gestion chaotique de ce qui est connu aujourd’hui par l’affaire «Ayache», le jeune de 26 ans qui a perdu la vie après une chute de 30 mètres dans un puits de forage à Ouled Cheml. Avant lui, c’était le wali de Blida qui avait eu un comportement inapproprié vis-à-vis d’une malade atteinte de choléra. Bien d’autres avant ces deux-là avaient brillé aussi par leur conduite et leurs déclarations saugrenues.
Et que ce soit dans le fâcheux accident qui a coûté la vie à Ayache, la harga qui engloutit quotidiennement les jeunes, le diktat des caïds des trottoirs dont les agressions se sont multipliées ou encore l’épidémie de choléra, à chaque fois, il aura fallu mort d’hommes pour que l’Algérie officielle réagisse, pour que les responsables se réveillent! Les responsables algériens ne sont pas dans la prévention ni dans la vigilance. Ils ne sont même pas dans la compassion, mais juste dans la réaction.
Et quelle réaction? Tardive et impromptue! Cela est une réalité. Pas besoin de se cacher la face pour dire que le politique n’apprend pas de ses erreurs et continue de détourner le regard des situations qui fâchent. Il continue de juger inutile de rassurer les citoyens dans les situations de crise. Il continue d’oublier qu’occuper un poste de responsabilité n’est pas seulement un honneur, mais un devoir de disponibilité, de protection, de loyauté et de transparence.
Un responsable doit être à l’écoute des citoyens. Il doit veiller à répondre à leurs attentes, mais aussi à partager avec eux leur quotidien qu’il soit fait de peine ou de joie. Un ministre, un wali, un chef de daïra ou un maire sont des représentants de l’Etat, chacun à un niveau particulier, et de ce fait leur présence et leurs déclarations représentent une grande assurance pour la population.
Et c’est lorsqu’un responsable local a une réactivité par rapport à un événement donné qu’on lui reconnaît posséder une culture d’Etat.
Malheureusement, beaucoup de responsables algériens en sont dégarnis. Il est de la responsabilité des médias d’attirer l’attention sur cet état de fait. Mais est-ce une raison pour créer une situation de tension? La question mérite d’être posée lorsqu’on constate que des médias, en jetant la lumière sur un événement, ne manquent jamais de le gonfler jusqu’à explosion.
Dans l’affaire Ayache qui est sous les feux de la rampe, les rumeurs s’amplifient poussant à se demander s’il n’y a pas manipulation derrière? Ou si l’on cherche volontairement à allumer la mèche de la colère? Sinon comment expliquer qu’alors que la grande famille de Ayache, à savoir l’Algérie toute entière, est en deuil, certains ne s’embarrassent pas pour affirmer qu’une possibilité de sauver le jeune a été proposée par une entreprise pétrolière étrangère, mais les autorités auraient refusé sans donner d’explications. Qui peut croire à un mensonge aussi gros? Un mensonge grave qui accuse les autorités de n’avoir pas prêté secours à une personne en danger. Alors que sans avoir besoin à défendre les autorités, tout le monde a vu le travail accompli par les éléments de la Protection civile pendant 6 jours et 6 nuits. Sans avoir à défendre les autorités, tout le monde a constaté la présence permanente des services de sécurité aux côtés des citoyens venus se solidariser avec la famille de la victime. Il est légitime de penser que les agents de la Protection civile ont peut-être manqué de matériels, qu’ils n’ont pas l’expérience et la formation pour un tel sauvetage, que le procédé utilisé n’était peut-être pas le bon…Il est aussi légitime que de reprocher aux responsables leur absence durant cette épreuve, leur manque de réactivité, de communication, de compassion, mais de là à les accuser de refuser une aide menant à mort d’homme, c’est démesuré. En ces moments où tout est brouillé que ce soit en politique, en économie ou au sein de la société, n’est-il pas préférable d’éviter de mettre de l’huile sur le feu?