Une fête sans youyous ? Que c’est triste ! En fait, il est inconcevable de voir une belle mariée défiler dans ses jolies robes, sans pousser ces petits cris, gorgés d’émotion qui vous hérissent les poils et vous donnent carrément la chair de poule.
Bien que la pratique soit répandue aussi bien chez les femmes du Maghreb que chez celles du Moyen-Orient ou encore de l’Afrique subsaharienne, on n’en connaît pas véritablement les origines. Les versions divergent et certaines sont plus fantaisistes que réalistes.
Ainsi, l’une d’elle fait remonter l’origine du youyou jusqu’à l’époque d’Adam et Eve. Le prophète et son épouse, une fois descendus du Paradis, se sont retrouvés chacun séparé de l’autre dans un lieu isolé. Ils se cherchent alors mutuellement, sans répit. Un jour, Eve aperçoit Adam de loin. Folle de joie mais aussi de peur qu’il ne la voit, elle lance un youyou pour attirer son attention. Depuis, c’est devenue une tradition majoritairement féminine.
Selon d’autres versions, les youyous remonteraient au Moyen-âge où les villages étaient éloignés. Aussi, pour faire parvenir une nouvelle (naissance, mariage,…), les femmes poussaient ces cris qui se faisaient entendre au loin. On dit aussi que même dans la Grèce antique, les femmes poussaient des youyous dans la joie ou dans la peine (deuil).
Onomatopée aux diverses appellations
« Longs cris aigus et modulés », les youyous expriment une émotion collective lors de rassemblements : généralement la joie (dans les mariages et autres festivités, notamment pour accompagner la danse orientale), mais aussi le deuil. Les youyous sont désignés par des onomatopées (« ouloulou », « olouloulou », « lou lou lou », ou encore « yiheyi »). Au Maghreb, on parle aussi de « zagharit » (transcrit aussi « zaghareet »), tandis que chez les Berbères, on parle plutôt de « tighratin », « tsliliw » ou bien « ilewlawen ».
Les youyous pendant la guerre
Pendant la guerre de libération nationale, les youyous ont eu une place prépondérante, en tant que pratique sociale. En effet, les femmes poussaient souvent ces cris soit pour accompagner et stimuler les hommes partant à la guerre ou encore pour affirmer la force et l’abnégation du peuple algérien qui refuse l’abdication face au joug colonial.
Aujourd’hui encore, le youyou reste un signe fort à travers lequel s’affirment la personnalité et le patriotisme algériens.