Le Maroc vient de perdre un soutien de taille : l’Espagne, un de ses alliés traditionnels au sein de l’UE. Madrid devra désormais se conformer au verdict de la CJUE du 21 décembre 2016.
L’Espagne a donné les gages de sa volonté de se conformer pleinement, et de surcroît avec des actes, au verdict du 21 décembre de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) concernant l’accord agricole.
En réponse à la question écrite d’un député de Podemos, le gouvernement espagnol a repris à son compte le passage de la décision de la CJUE, affirmant que « le Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc ». Madrid a assuré avoir pris des mesures concrètes contre le passage du navire Key Bay qui transportait de l’huile de poisson de Laâyoune vers le port de Fécamp.
Le gouvernement de Rajoy a également révélé que les autorités de son pays ont informé « les services douaniers de la France et du Danemark – pays destinataires de la cargaison – des faits constatés dans le cadre de l’assistance mutuelle entre les autorités douanières des Etats membres de l’Union ».
La mise en conformité de l’Espagne ne s’arrête pas là : « Les faits ont été portés à la connaissance » d’un tribunal de Las Palmas, a-t-il souligné. Le bateau « Key Bay » avait effectué une escale au port de Las Palmas pour se ravitailler en carburant avant de prendre le large à destination de Laâyoune.
Depuis, aucun navire marchand en direction du Sahara n’a jeté l’ancre provisoirement dans les îles Canaries. Une autre preuve de l’engagement total de l’Espagne à se conformer au verdict de la CJUE, ordonnant à l’UE d’exclure les produits agricoles (terre et mer) du Sahara de l’accord agricole de 2012.
La position défendue par le gouvernement espagnol est identique à celle exprimée, début février, par Miguel Arias Cañete, le commissaire européen au Climat et à l’Energie, en réponse à une question d’eurodéputés pro-Polisario. Le 13 février, en voyage officiel à Rabat, Dastis s’était prononcé en faveur d’une « solution technique »à même de préserver les intérêts bilatéraux entre le Maroc et l’UE.
La semaine dernière, le représentant du Polisario en Belgique a demandé, dans une lettre adressée à la commission de Pêche au Parlement européen, que « la Commission européenne [s’abstienne] de modifier le protocole de 2013 d’une manière incompatible avec le statut séparé et distinct du Sahara occidental selon le principe de l’autodétermination ».
De plus, l’armée sahraouie a dépêché cinq patrouilleurs navals pour mener des opérations dans les eaux Atlantiques. Dans la ligne de mire des patrouilles, les chalutiers européens qui pêchent sur les côtes du Sahara occidental.
Le Front Polisario prévoit de lancer des patrouilles maritimes dans la zone. La zone tampon de Guerguerat offre ainsi une petite base de lancement pour les opérations dans les eaux du Sahara occidental. L’affaire Guerguerat sera au programme du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Cette réunion intervient seulement trois jours après les entretiens entre le chef du Polisario et le secrétaire général des Nations unies.
A la demande du Polisario, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) tiendra, à Addis-Abeba, une réunion consacrée à Guerguerat. La réunion verra la présentation, par l’envoyé de l’Union africaine au Sahara occidental Joaquim Chissano, d’une série d’observations sur la question.