L’été dans la Wilaya de Aïn Defla: Entre léthargie et fuite de la canicule

L’été dans la Wilaya de Aïn Defla: Entre léthargie et fuite de la canicule

La wilaya de Aïn Defla se caractérise par une longue période de grosses chaleurs, auxquelles viennent s’ajouter, phénomène nouveau depuis quelques années, un fort taux d’humidité provenant des cinq grands barrages qui se trouvent  dans son territoire ou à proximité, en plus des centaines de bassins d’irrigation.

L’été, c’est aussi, à l’instar des autres régions du pays, la période où écoles, collèges, lycées sont fermés et la population scolaire est vouée dans sa très grande majorité au désœuvrement, à l’oisiveté, à l’ennui qui figent les esprits,  ce qui induit un mal-être où chacun se sent mal dans sa peau. L’été, c’est aussi la période des congés pour la population active.

Dans la journée, les jeunes s’éclipsent, voire se terrent, à l’ombre dans les cages d’escalier en essayant de s’occuper à qui mieux mieux, à«tuer le temps» comme ils disent, accrochés à leur téléphone. Pour ce qui est des adultes, notamment les désœuvrés, les inactifs, principalement les nombreux retraités, si en hiver, ils trouvent refuge dans les cafés, en été, ils déambulent entre les étals des marchés, font quelques courses, rentrent chez eux pour se mettre à l’abri de la chaleur et des vents brûlants et profiter de la fraîcheur que génèrent les climatiseurs prenant le risque d’avoir des factures salées d’électricité. Ce n’est qu’en fin d’après-midi, vers 18h, que les habitations se vident au profit de la rue. La nuit, la cité  reste animée généralement jusqu’à 22h. Les adultes réintègrent chez eux, les moins jeunes improvisent des lieux de rencontre pour s’adonner à leur jeu favori, les dominos en l’occurrence.

Les jeunes, on les voit partout, alignés et adossés aux murs des bâtiments, à la recherche d’un peu de fraîcheur, accrochés à leur téléphone tout en se fondant dans le monde virtuel des réseaux sociaux, et ce, parfois jusqu’aux aurores.

La nuit, c’est aussi le moment propice des cortèges nuptiaux, où de jeunes conducteurs, au volant de voitures à papa, s’adonnent à leur folie, parfois meurtrière, en faisant de la vitesse et des dépassements dangereux, assis sur les portières, poussant des cris de joie ou de rage, on ne sait. Cortèges et salles des fêtes deviennent des bases de lancement de feux d’artifice qui illuminent le ciel quand ce n’est pas les déflagrations de gros pétards, tout ceci au détriment du repos auquel aspirent les habitants des grands ensembles. Pour aider les enfants et les adolescents à survivre à cette période de léthargie, la Direction de la jeunesse et des sports a lancé un programme qui s’articule autour de plusieurs volets.

En effet, dès le 1er juillet, des centaines d’enfants et adolescents ont bénéficié de séjours en bord de mer, à Mostaganem, Tipasa et  Alger.

Dans le cadre du programme appelé «Mobilité des jeunes», quelque 500 jeunes de plus de 18 ans bénéficient de sessions de 5 jours dans deux camps à Mostaganem et un autre à Béjaïa ; la DJS leur assurant le transport, l’assurance et l’hébergement, la restauration étant à leur charge.  Pour les enfants, un camp de colonie de vacances a été mis en place sur le budget de la wilaya à Azeffoun et une première session de 12 jours a débuté le 27 juin pour 322 colons. On indique qu’une population de quelque 650 enfants issus de différentes communes vont en bénéficier.

Pour diversifier l’offre de loisirs, la DJS, en collaboration avec la Direction des forêts, travaille à la création d’espaces récréatifs en milieu forestier. Pour ce faire, deux sites ont été retenus. L’un dans la forêt de Sidi Sbaâ, entre Miliana et Khemis-Miliana, et le second au pied du mont Doui sur le territoire de la commune de Aïn Defla. Cependant, il est à signaler que le camp de jeunes, construit sur la rive ouest du barrage du Ghrib, n’est toujours pas opérationnel en raison du manque du fonds nécessaire à l’acquisition d’équipement (cuisine, literie, installations sportives…)

Le second camp de jeunes prévu au niveau du lieudit Kouadri est dans la même situation. Pour  faire face à la canicule, la DJS a doté 14 communes de piscines mobiles, cependant dans certains cas des communes trouvent des difficultés à trouver de l’eau pour les remplir régulièrement.

Dans ce contexte, peut-on évoquer l’activité touristique ? L’emploi de ce terme serait inapproprié eu égard à sa définition, à savoir qu’il s’agit d’une «activité d’une personne qui voyage pour son agrément, visite une région, un pays, un continent autre que le sien, pour satisfaire sa curiosité, son goût de l’aventure et de la découverte, son désir d’enrichir son expérience et sa culture».

Ce genre de tourisme est quasi inexistant, et les raisons sont multiples, dont la principale est la rareté des structures hôtelières et celles qui existent pratiquent des prix qui ne sont pas à la porte du touriste moyen ou bien situées loin des sites à visiter. Quelques hôtels ont ouvert leurs portes comme à Hammam Righa où l’hôtel du Mont Rose est en voie de finition et à Aïn Defla où l’hôtel Essalam récemment devenu opérationnel ou encore Miliana qui est en passe d’être inauguré.

Par ailleurs, le tourisme thermal continue à être attractif mais souffre aussi du manque d’infrastructures d’accueil. A ce sujet, on annonce la mise en service de l’hôtel Mont Rose pour le début de l’année 2019. Pour ce qui est de la remise en état des 109 bungalows de Hammam Righa relevant de l’EGT, les travaux n’avancent pas et ne sont qu’à 36%. Et à ce rythme, il n’est pas près d’être livré. L’entreprise en charge de sa réalisation, nous a-t-on dit, n’est pas à la hauteur de la tâche qui lui a été confiée.

Par contre, pour l’autre source thermale située dans la commune d’El- Attaf, Hammam Bounedjma, la concession a été accordée à un privé qui faute de crédit bancaire a arrêté les travaux depuis quelques années.

Il reste le tourisme interne à caractère religieux lors des manifestations qui se tiennent périodiquement au niveau des zaouïas telles que celles de Sidi Ahmed Bencherki à El-Attaf, des Fekir de Tiberkanine, de Sidi Ahmed Benyoucef de Miliana. A ces grandes manifestations religieuses, qui suscitent des déplacements d’adeptes de différentes contrées, vient s’ajouter la multitude des taâm (couscous géant) en guise d’offrandes aux saints et qui continuent à attirer des fidèles de tous les coins de la wilaya.

A ce sujet, on citera les taâm de Sidi Abdelaziz, à l’extrême nord de la wilaya, Sidi Moussa Ennedjar de Bourached, Sidi Abdallah d’El-Amra, Sidi Djelloul à Djendel, si Belhadj à Arrib et sidi Ahmed El-Ferki où c’est une tradition dans la région de M’khatria, le taâm marque généralement le début de la saison des unions nuptiales au début du mois d’août.

Karim O.