L’étrange histoire du terroriste et de son aspirateur

L’étrange histoire du terroriste et de son aspirateur

Le cerveau des attentats du 11 septembre aurait demandé une faveur un peu spéciale aux agents de la CIA qui le détenaient : concevoir un appareil électroménager.

Khalid Cheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé des attentats du 11 septembre 2001, était, il y a une dizaines d’années encore, détenus dans les prisons secrètes de la CIA en Europe de l’est. Pologne, Roumanie: l’homme, arrêté en 2003 par les services secrets américains, a subi dans ces geôles les interrogatoires les plus brutaux, a dû rester éveiller 180 heures d’affilée, et a enduré 183 séances de «waterboarding» (simulation de noyades).

Ces techniques l’avaient certes poussé aux aveux, mais altéraient, au fil du temps, ses facultés intellectuelles. «Nous ne voulions pas que (les prisonniers) deviennent fous», explique un ancien membre des services secrets. Ce dernier révèle ainsi à l’agence américaine AP que les agents de la CIA cherchaient à occuper leurs détenus pour qu’ils restent lucides. Khaled Cheikh Mohammed leur aurait alors demandé une faveur un peu spéciale: le droit de mettre à profit son savoir-faire en génie mécanique pour construire un aspirateur. Sa demande acceptée, Cheikh Mohammed – diplômé en génie mécanique de l’Université d’État de la Caroline du Nord – s’est donc servi de plans récupérés sur internet pour mener à bien son projet.

Cheikh Mohammed lisait Harry Potter

La source citée par AP raconte que la CIA donnait aussi des «devoirs» au terroriste, notamment sur ses connaissances sur le réseau islamiste al-Qaida, à l’issue desquels il recevait des barres chocolatées en guise de récompense. Il a même été autorisé à lire toute la série Harry Potter, qu’il affectionnait particulièrement. Il a toutefois été pris en train de cacher un message dans l’un des livres, pour communiquer avec ses codétenus.

L’histoire ne dit pas si le cerveau présumé du 11 septembre voulait vraiment concevoir cet aspirateur, ou s’il avait autre chose en tête comme l’utiliser pour faire passer des messages ou piéger ses gardiens. On ne sait pas non plus s’il est venu à bout du projet. Son avocat, Jason Wright, assure qu’il n’a pas le droit d’en parler. «Cela semble ridicule, mais de répondre à cette question, de confirmer ou de nier l’existence même de la conception d’un aspirateur, d’un Swiffer, ou même d’un meilleur essuie-main, pourrait apparemment exposer le gouvernement américain et ses citoyens à un très grave danger», explique-il, énigmatique.

L’agence de presse américaine a tenté de se procurer les fameux plans de fabrication de l’aspirateur, en vain. La CIA a déclaré que ces derniers, «qu’ils existent ou non», ne seront de toute façon jamais rendus publics. La prison secrète de Roumanie a été fermée en 2006: le terroriste a été transféré sur la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba… laissant sans doute ses plans d’aspirateur derrière lui.