La lettre de félicitation du général de corps d’armée Gaid Salah à Amar Saâdani le secrétaire général du FLN, après son plébiscite au dernier congrès du parti, a provoqué une véritable tempête politico-médiatique qui continue de se propager d’une façon inouïe, qui n’est pas sans soulever des interrogations quant au but recherché.
Et paradoxalement, la charge la plus virulente contre le chef d’état-major de l’Armée est venue mercredi de Louisa Hanoune, alors qu’il est de notoriété publique qu’elle entretient avec lui des rapports emprunts d’une grande cordialité. Et d’ailleurs, à sa demande, Louisa Hanoune avait été reçue, il y a quelques mois par le général Gaid Salah. Et personne, ni la classe politique, ni la presse qui font aujourd’hui tant de vagues sur la lettre à Saâdani, n’avaient rien trouvé à redire sur cette rencontre qui a été l’occasion d’un échange de vues sur la situation politique du pays.
En quoi la rencontre entre Louisa Hanoune et le chef d’état-major et la lettre adressée par ce dernier à Saâdani sont-ils différents, si ce n’est dans la forme. Car dans un cas comme dans l’autre, il y a contact, il y a échange entre le vice-ministre de la Défense et un chef de parti politique, le PT d’abord, Saâdani ensuite.
Mais quoi de plus normal ! Cela fait partie de ce qu’on peut considérer comme de la courtoisie républicaine. Si le chef du FFS, du MSP ou d’un autre parti agréé avait exprimé le désir de rencontrer le patron de l’Armée, il est à parier que ce dernier aurait favorablement accédé à leurs demandes, dés lors que l’objet de l’échange est l’intérêt de l’Algérie.
El Gaid Salah, en prenant sur lui de féliciter Amar Saâdani, était certainement à mille lieux de supposer que son geste, somme toute ordinaire, allait provoquer un tel tollé. D’ailleurs, la lettre de félicitation en question avait un caractère personnel et n’était pas destinée à être rendue publique. Qui a eu donc intérêt à organiser la fuite ? Nous croyons savoir que ce n’est pas la première fois que le général Gaid Salah prend une telle initiative, puisqu’il a eu à féliciter, par le passé d’autres responsables politiques, à l’occasion d’événements organisés par leurs partis respectifs.
Selon nos informations, Amar Saâdani a d’ailleurs reçu plusieurs lettres de félicitation émanant du président du Conseil de la Nation, du président de l’APN, du directeur de cabinet du président, et des chefs de partis politiques. Le président Bouteflika lui-même, en sa qualité de chef de l’Etat et ministre de la Défense, avait envoyé un message de soutien aux congressistes du FLN. C’est une tradition républicaine qui n’a aucune arrière pensée politique et qui n’engage nullement l’armée dans un quelconque débat politique ou partisan.
Alors quoi de plus naturel que le chef d’état-Major adresse ses félicitations au nouveau chef du FLN, le parti majoritaire du pays, d’autant qu’en sa qualité d’ancien membre de l’ALN, il a une attache affective à ce parti qui a été le fer de lance politique dans la libération de l’Algérie.
Visiblement, il y a une sur-interprétation délibérée de la lettre de Gaid Salah, aussi bien de la part d’une partie de la classe politique que d’une partie de la presse. Il ne s’agit encore une fois que d’un acte de pure courtoisie, loin de toute considération politicienne. Et c’est la raison pour laquelle l’emballement politico-médiatique auquel nous assistons semble disproportionné et mérite d’être ramené à sa juste dimension.