A partir d’aujourd’hui, l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa) a décidé d’augmenter ses tarifs de 10 dinars, sur toutes les lignes desservies par elle. Soit une augmentation de 50%.
L’Etusa n’avait pas d’autre choix que d’augmenter ses tarifs, la vie de l’entreprise étant en jeu, selon les responsables. C’est une décision longuement réfléchie, ajoutent-ils.
Mais, c’est aussi une mauvaise nouvelle de trop pour les usagers qui, encore une fois, se voient ainsi dans l’obligation de payer plus cher leur transport. Une décision qui coïncide avec la célébration du 48e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, raison pour laquelle les usagers n’ont pas manqué d’exprimer leur colère et leur mécontentement.
La nouvelle a été communiquée avant-hier par les travailleurs de l’Etusa à leurs clients. «Aujourd’hui, vous allez payer 20 dinars pour Ben Aknoun, mais à partir du 6 juillet le prix d’un ticket passera à 30 dinars.
Cette décision concernera toutes les lignes qui sont assurées par l’Etusa», explique un employé de cette entreprise à un passager au moment où ce dernier payait son ticket pour Ben Aknoun. Le client a été surpris par l’annonce comme beaucoup de passagers d’ailleurs.
Au bout de compte, les augmentations sont devenues systématiques voire une tradition ces dernières années. «Vous savez, je m’en fous. Même si le ticket atteindra un jour les 100 dinars, cela ne me perturbera pas. Nous nous sommes habitués à ces flambées répétitives», répond le passager au receveur.
Plusieurs lignes de l’Etusa sont concernées par cette augmentation. A titre d’exemple, la ligne place Audin-place des Martyrs passera de 20 à 30 dinars, le même tarif sera appliqué à la ligne Audin-Ben Aknoun. Même chose pour les bus qui desservent les communes de Bab El Oued, Kouba, Al Madania, Belouizdad, touchées par cette augmentation.
En plus des nouveaux tarifs, les clients font face à d’autres embarras
En colère, la plupart des usagers de l’Etusa s’en prennent aux receveurs qui les somment de payer le ticket avant même l’arrivée du bus. Pire, une fois à l’intérieur d’un bus, les mêmes usagers attendent jusqu’à 15 minutes pour que celui-ci prenne le départ.
La colère des usagers concerne également certains jeunes chauffeurs de bus qui ne savent pas conduire et font de la vitesse. Cette situation existe depuis quelques semaines déjà, soulignent certains usagers. Habituellement, les clients de l’Etusa s’en prennent aux responsables de l’entreprise pour manque de bus, de lignes également, mais surtout pour la mauvaise qualité du service.
Cette fois-ci, une autre raison est à l’origne de cette colère : le comportement incompréhensible de certains receveurs. En effet, beaucoup d’entre eux, munis de tickets sillonnent les arrêts de bus de l’Etusa à la recherche de nouvelles «proies». Ils demandent aux usagers de payer leur ticket avant même l’arrivée du bus.
Etrange ! Certains receveurs se disputent entre eux pour vendre le maximum de tickets aux clients. Il s’agit pour eux d’une simple concurrence, mais qui nuit finalement à l’image de l’Etusa qui ne ménage aucun effort pour une meilleure image de l’entreprise depuis son grand retour dans le transport urbain du pays. «Nous sommes quotidiennement taquinés par des receveurs qui n’ont autre chose à faire qu’à vendre le maximum de tickets», confie une jeune cliente.
Cette habituée de l’Etusa n’a pas caché son mécontentement à l’égard d’un receveur qui l’a sommée de payer son ticket avant même l’arrivée du bus Audin-Ben Aknoun. La réaction de cette cliente a été logique, elle a refusé de payer sa place tant que le bus n’est pas arrivé à l’arrêt.
«Désolé, mais je ne paierai pas ma place maintenant, attendez au moins que le bus arrive. Si jamais je change d’avis à la dernière minute qui me remboursera mon ticket ? Vous voyez que vous êtes en train de nous taquiner avec vos tickets, laissez-nous au moins le temps de monter dans le bus», répond en colère une femme à un receveur.
Ce dernier n’a pas trouvé mieux que de rebrousser chemin et d’aller taquiner d’autres clients. Son collègue qui se trouvait à quelques mètres de cette cliente, revient à la charge et lui demande de payer 20 DA, toujours avant l’arrivée du bus pour Ben Aknoun.
La jeune femme, dans une colère noire, a quitté l’arrêt pour prendre un taxi. Cette situation est très souvent vécue ces dernières semaines au niveau de nombreux arrêts de l’Etusa. Beaucoup d’usagers s’en prennent à certains receveurs et vice versa. Même les receveurs entre eux échangent parfois des propos vulgaires pour une question de clients.
Sofiane Abi