Leur 27e sommet s’ouvre aujourd’hui à Nouakchott :Les Arabes plus que jamais affaiblis

Leur 27e sommet s’ouvre aujourd’hui à Nouakchott :Les Arabes plus que jamais affaiblis

Il y a de fortes chances pour que les Arabes ne parviennent pas à s’entendre sur la définition que donnent les uns et les autres du terrorisme.

Balancé comme une patate chaude par le Maroc qui devait l’organiser en avril dernier, le 27e Sommet de la Ligue des Etats arabes atterrit à Nouakchott, qui aura «l’honneur» d’abriter, aujourd’hui et demain la rencontre pour la première fois depuis son adhésion à la Ligue, il y a une quarantaine d’années. La capitale mauritanienne est-elle suffisamment équipée en matière d’infrastructures d’accueil pour abriter une manifestation politique de cette ampleur? Dans l’état où se trouve la nation arabe, cette question n’a pas lieu d’être posée. Un lieu pour réunir les 22 Etats a été trouvé, c’est déjà un exploit, diraient les observateurs qui craignaient pour la survie même de l’ensemble arabe, tellement les contradictions étaient immenses et le sont toujours d’ailleurs.

Formellement les chefs d’Etat et de gouvernement arabes plancheront sur le développement de l’action arabe commune, la situation dans certains pays arabes et bien entendu, la question palestinienne, remisée au second plan, depuis l’éclatement des révolutions arabes. Même si l’ordre du jour a été arrêté au niveau des experts et des mini-stres des Affaires étrangères de la Ligue, il n’est pas dit, pour autant, que l’on s’acheminerait vers un consensus sur les résolutions qui sortiront du sommet. Il faut savoir que dans le chapitre de «l’action arabe commune», subsiste une profonde divergence entre l’Algérie et les pays du Golfe. Les «campagnes militaires» en Syrie et au Yémen ont été menées au pas de charge par l’Arabie saoudite, obnubilée par «le danger chiite» qui la menacerait à partir de la Perse. A la tête d’une coalition de monarchies arabes, dont le Maroc, Riyadh ne semble pas avoir évolué sur les sujets de fond qui ont fissuré le mur arabe. L’esprit belliqueux qui anime le nouveau roi d’Arabie saoudite est plus que jamais d’actualité, notamment depuis l’accord irano-américain sur le nucléaire. Les bombardements contre les Houtis au Yémen et l’acharnement contre le régime de Bachar El Assad en Syrie, illustre assez bien le jusqu’au-boutisme d’un royaume qui cherche à imposer sa domination sur toute la région.

Il est entendu que l’attitude d’Alger sur le printemps arabe et son refus de se joindre à toutes les actions militaires montées par Riyadh, en sus de son vote contre l’exclusion de la Syrie de la Ligue des Etats arabes ont irrité les monarchies moyen-orientales qui ont répondu, faut-il le rappeler, par un engagement franc aux côtés du Maroc dans la question du Sahara occidental.

Au-delà de ces divergences de fond, il y a de fortes chances pour que les Arabes ne parviennent pas à s’entendre sur la définition que donnent les uns et les autres du terrorisme. La relance des mécanismes de maintien de la sécurité arabe et la lutte antiterroriste, dont il sera question dans ce sommet marqueront, à n’en pas douter, les grandes divergences qui traversent la nation arabe.

Il reste que dans le chaos «organisé» par quelques Etats arabes, dans lequel baigne la région, avec son lot de centaines de milliers de morts et ses millions de déplacés, la question palestinienne sera abordée. Mais dans l’état de délabrement où se trouvent de nombreux pays et la grande fragilité de l’organisation panarabe, il est permis de douter de l’efficacité d’une résolution sur la question.

Formellement toujours, le dossier palestinien sera abordé comme étant la principale affaire de la nation arabe. Les chefs d’Etat et de gouvernement remettront sur le tapis l’Initiative de paix arabe, histoire d’appuyer l’autre Initiative, celle de la France, qu’Israël a d’ailleurs rejetée. Il y a lieu de relever que la démarche française a été saluée par l’ensemble des pays membres de la Ligue.

On retiendra enfin, que le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Isselkou Ould Ahmed Izid Bih a affirmé que le sommet se tenait dans un «contexte mondial et régional très sensible marqué par de nombreux défis socio-économiques, des risques géopolitiques, la menace terroriste et les crises des réfugiés qui exigent la conjugaison des efforts de l’ensemble des pays arabes pour y faire face et en atténuer les retombées négatives». Le ministre mauritanien ne croit pas si bien dire. Mais tant que l’objet de fixation d’une des nations clés de la Ligue arabe consiste en son hégémonie et en sa guerre contre le chiisme, il y a de fortes chances que ce message ne soit pas entendu