Les statistiques de l’OFPRA interviennent dans un contexte de crise migratoire marquée par la radicalisation des politiques européennes en matière d’accueil des migrants.
L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a publié, mercredi dernier, son rapport d’activité pour l’année 2017. Ce bilan révèle une augmentation du nombre des demandeurs d’asile de 17% par rapport à 2016.
Parmi les 100 755 individus recensés, figurent 2 459 Algériens qui occupent la neuvième position dans le classement des nationalités les plus concernées par les procédures de protection, comme les Albanais, les Afghans, les Soudanais, les Guinéens et les Syriens.
Le nombre des Algériens a augmenté de 24,7%, comparativement à 2016. La synthèse des interviews menées par les agents de l’OFPRA indique que les demandeurs algériens sont en majorité des commerçants et des membres des forces de l’ordre. “Ils font état de menaces émanant de groupes islamistes contre lesquels ils ne peuvent pas obtenir la protection des autorités algériennes”, fait savoir l’établissement français.
Celui-ci dit recevoir régulièrement, par ailleurs, des demandes liées à un motif politique et émanant de militants de la cause berbère. D’autres requêtes sont justifiées par des raisons religieuses. Elles sont introduites par des chrétiens, des convertis au christianisme ou des musulmans non pratiquants. Des causes plus personnelles motivent certaines autres demandes. Selon l’OFPRA, “certains demandeurs expriment un risque d’atteintes graves en cas de retour dans leur pays, en raison de conflits d’ordre privé survenus avec des créanciers, ou en raison d’amours contrariés”. Des femmes, en particulier, disent “avoir fui des violences conjugales ou des menaces émanant de leur entourage familial, en raison d’une relation entretenue hors mariage”. Enfin, l’OFPRA note l’augmentation du nombre des demandes qui proviennent des minorités sexuelles, pour cause de persécution.
L’Office a statué dans un total de 3 172 dossiers émanant d’Algériens en 2017. La plupart concernent les primo-demandeurs. Mais d’autres demandes impliquent des mineurs accompagnés. Ils sont au nombre de 527. L’OFPRA a également réexaminé 178 affaires et rouvert 8 dossiers clos. 5,6% des demandeurs d’asile algériens ont bénéficié de la protection de l’État français. Cette faible proportion tranche avec le nombre important des admissions concernant les ressortissants d’autres pays africains dont les motivations pour l’asile sont plus justifiées. 90% des ressortissants en provenance du Burundi ont, par exemple, obtenu le droit de rester en France. Il faut savoir que les statistiques de l’OFPRA interviennent au milieu d’une crise migratoire sévère marquée par la radicalisation des politiques européennes en matière d’accueil des migrants. Le sort réservé à l’“Aquarius”, un navire de l’ONG allemande Lifeline, coincé en Méditerranée, est symptomatique du malaise. Parmi les 630 personnes à bord, 43 sont des Algériens. La plupart des migrants ont affirmé vouloir demander refuge en France. Or, les conditions d’asile dans ce pays sont de plus en plus rigoureuses. Une loi, qualifiée d’inhumaine par les ONG d’aide aux sans-papiers, vient d’être votée par l’Assemblée et le Sénat français.
De Paris : Samia Lokmane-Khelil