Le théâtre Mahieddine-Bachtarzi s’est remémoré le souvenir de ses compagnons qui ont l’art de mettre le feu à ses planches. Et en cette “sahra” du 25 mai, c’est un duo ou plutôt deux frères de planches qui se sont donné la réplique comme au “théâtre du muet”. À ce propos, l’un et l’autre trônaient sur le trône du temps qui a immortalisé leur image dans la posture de l’époustouflant “muet”. Ce muet où l’on devine que derrière le vernis du sourire, il y a d’abord le secret d’une complicité qui scelle leur sens de l’humour qu’ils ont improvisé et baptisé “Sans texte”. Eux ? C’est Mustapha Ayad l’hilarant compagnon dans la vie comme sur la scène qui donnait la tirade sans parole au récréatif Abbelhamid Rabia.
À deux, ils ont gravi l’escalier de la scène de l’opéra Mahieddine-Bachtarzi au son de la folklorique zorna, des “t’biblette” (tambourins) et sous l’escorte d’une pléiade de comédiens venue pour donner l’accolade ou une œillade à ces deux artistes avec lesquels ils ont tant à partager. Est-ce le couronnement d’une carrière si riche d’un demi-siècle ? Ou un simple clin d’œil d’une corporation à l’adresse d’un duo qui a plus d’une facette à son savoir-faire ? À ce sujet, et connaissant l’aversion pour les hommages, le fils de Mon père, mon ami (éd., Dar El-Houda) a déclaré : “Ce n’est rien d’autre qu’un intermède de plus dans l’itinéraire d’un comédien, mais pas une tombée de rideau !” D’où qu’il est “exclu d’être exiler d’une scène où nous puisons l’essentiel de notre raison d’être mais aussi la liberté de penser”, a réaffirmé à son tour de Rabia auteur de la biographie Keltoum Bent El Ourbane.
Au demeurant, la faisabilité de l’hommage que l’on doit à l’association artistique et culturelle le troisième millénaire, le TNA et l’ONDA a été inaugurée avec l’interprétation de Bahdja Beida Ma T’houl puisé du répertoire de feu Abderrahmane Amrani dit Dahmane El Harrachi (1926-1980) et Ya Rayah sous la direction du virtuose du qanoun (cithare) Mabrouk Hamaï, ce digne héritier du cheikh Boudjemaâ Ferguene (1916-2002). S’ensuivit le tour de chant de Hakim El Ankis qui égaya l’auditoire d’éternels standards Tchaourou âaliya et Ya Entia de son paternel Boudjemaâ Mohamed Arezki dit El Ankis (1927- 2015). “Au-delà de l’égard dû à ces deux monuments du théâtre, l’hommage se veut l’écriture d’un acte dans la théâtralité et le cheminement du personnage des planches vers l’écran. Mieux, l’hommage c’est aussi l’instant de joie et d’émotion qui n’a d’égale valeur que les larmes de félicité du comédien qui l’éloigne de l’oubli”, a conclu le comédien Djamel Bounab, qui est aussi le vice-président de l’association le 3e Millénaire.
Louhal Nourreddine