L’ex-coordinateur du GSPC condamné à la peine capitale

L’ex-coordinateur du GSPC condamné à la peine capitale

Reconnu coupable de plusieurs chefs d’inculpation, entre autres appartenance à un groupe terroriste activant au pays, homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, dépôts d’explosifs dans des lieux publics, le bourreau des groupes terroristes a été condamné hier à la peine capitale.

Les juges et membres du jury ont répondu à l’unanimité absolue par oui quant à la culpabilité et par non aux circonstances atténuantes. Fateh Bouderbala, alias « Abou Bassir Abdelfettah », l’ex-« émir » de la phalange du centre du pays et en même temps coordinateur des groupes armés qui activaient à travers le territoire national, impliqué dans plusieurs attentats meurtriers perpétrés dans plusieurs régions, notamment de la capitale à l’instar de Réghaia et Thénia et ayant causé la mort de pas moins de 80 personne entre militaires, gendarmes et policiers de 2004 à 2007 a comparu, hier, pour la première fois depuis son arrestation, en 2008, devant le tribunal criminel près la cour d’Alger présidé par Zebbouchi Mahfoud.



Rasé de près et moustachu, ce terroriste portait une chemise et une veste noire classique. Souriant et très à l’aise, il a affirmé au juge qu’il n’a pas été auditionné par les services de sécurité ni par le juge d’instruction, alors qu’il est poursuivi dans cette affaire et considéré comme étant en fuite.

Abou Bassir, qui a été condamné à la peine capitale pour avoir participé à l’attentat sanglant du palais du Gouvernement le 11 avril 2007 et ayant fait 20 morts parmi les employés et fonctionnaires de cette importante institution et des paisibles citoyens, a nié dans cette nouvelle affaire ,lors de son passage à la barre, tous les faits qui lui ont été reprochés et portaient dans l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation avoir participé à tous les attentats commis par les groupes armés notamment à Alger et ses environs.

Le terroriste en question a par contre reconnu avoir rendu visite à ses acolytes au cours de la décennie noire en déclarant au juge : « Certes, je me suis rendu dans les fiefs des terroristes à Jijel et Boumerdès ».

Interrogé par son avocat Me Amine Sidhoum, quant à la durée qu’il avait passé auprès des services de sécurité, le mis en cause a affirmé au juge « qu’il a été arrêté en possession d’un pistolet automatique et une fausse carte d’identité nationale appartenant à un policier assassiné dans la localité de Reghaia ».

Le représentant du parquet général a requis la peine capitale, estimant que toutes les preuves étaient fondées, notamment en ce qui concerne sa participation directe dans tous les attentats sanglants ayant visé des citoyens et des corps constitués durant la décennie noire.

Arrêté en possession d’un lance-roquette

Le procureur général a par ailleurs estimé que le mis en cause qui circulait avec une fausse identité et armé d’un pistolet, avait bel et bien participé à l’assassinat de gendarmes, de militaires et de policiers dans des quartiers périphériques de la capitale.

Au cours de sa plaidoirie, l’avocat de la défense a axé son intervention sur les sévices qu’a subis son client lors de l’enquête. Il a insisté sur l’acquittement de son client, car il a estimé que : « l’affaire est montée de toutes pièces par les enquêteurs  ! ».

Pour rappel, le mis en cause avait rejoint d’abord le GIA en avril en 1995, le premier noyau du GSPC en 1998. Il est considéré comme le doyen de l’organisation du sanguinaire Abdelmalek Droukdel.

Il a été arrêté dans un appartement situé dans un quartier périphérique de la capitale en possession d’un lance-roquettes Low, plus de 800 kg d’explosifs et trois bombes prêtes à l’emploi, ainsi qu’une vingtaine de détonateurs qui devaient être utilisés durant les récents ramadhan dans des attentats ciblant divers lieux publics à Alger.

L’inculpé, rappelons-le, faisait partie des dix-huit accusés cités dans cette affaire ; dix terroristes se trouvent en état de fuite, dont l’“émir” national du GSPC, Abdelmalek Droukdel, alias Mosaâb Abou Abdelouadoud, impliqués dans les attentats du palais du Gouvernement et du siège de la sûreté de Bab Ezzouar.

Il y a lieu de souligner que sur les cinquante-quatre accusés impliqués dans les attentats du 11 avril 2007, dix-huit seulement sont poursuivis. Parmi les accusés “supprimés” de la liste, figurent des terroristes abattus, tels que Zouhir Harrak, alias Sofiane Fassila et Omar Bentitraoui, alias Abou Khaïtama, “émir” de katibat El-Feth.

Il était également poursuivi ainsi que les autres inculpés pour « adhésion à un groupe terroriste activant à l’intérieur du pays dans le but de semer un climat d’insécurité et de peur au sein de la population, perpétration d’attentats à l’explosif et homicide volontaire avec préméditation ». Concernant les autres accusés présents et non détenus, Nourredine Boudina, le frère de l’auteur de l’attentat kamikaze, Merouane Boudina.

Il est poursuivi pour non-dénonciation suite aux investigations des enquêteurs qui ont pu localiser les appels du kamikaze vers son frère la veille de l’attentat, l’informant de son acte, selon son propre aveu. Le juge Benkharchi a commencé par appeler les huit détenus : O. Khaled, S. Adlène, K. Mourad, M. Khaled, tous des jeunes âgés de 28 à 37 ans et tous natifs de la capitale, bien habillés et rasés de près. L’accusé principal, O. Khaled, est le premier à être appelé par le magistrat. Il a déclaré que son avocate,

Me Boumerdassi, est absente. « Cela fait longtemps qu’elle ne m’a pas rendu visite en prison. »

Mais, Me Khanef explique au tribunal que cette dernière était constituée dans l’affaire du pourvoi en cassation seulement. D’autres avocats étaient absents, à savoir Me Sidhoum, mais également Me Laâmouri. Ce dernier est pourtant « connu pour son sérieux », selon ses collègues. Au total, ce sont quatre accusés qui se sont présentés sans défenseur.

Les proches des victimes des terroristes inconsolables

Le tribunal avait décidé alors de se réunir en délibération pendant une heure. Les policiers ont dû séparer les familles des accusés et les familles des victimes de cet attentat, pour la plupart des jeunes veuves et des vieilles mamans, à l’exemple de cette vieille femme venue de Chéraga et qui n’osait pas regarder du côté des accusés. « Ces jeunes pourtant, ont brisé des familles entières ! »

Elle est la belle-mère du défunt Jemli Youcef, un policier exerçant au Palais du gouvernement. « Il a laissé sa femme enceinte, qui a perdu ses jumeaux le jour de son enterrement. Il avait pourtant choisi leurs prénoms mais il est mort sans rien nous laisser. Cela fait quatre ans, on n’a pas pu l’oublier. Ma fille croit toujours qu’il reviendra un jour. »

La mère de Kehoul A. Hakim, le garde du corps de l’ex-ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, tué lui aussi dans cet attentat, tenait son mouchoir en pleurant. « J’ai perdu un homme, mon fils. Certes, le ministre Zerhouni nous a soutenus et a assisté à son enterrement, mais c’est difficile de venir ici et d’écouter comment mon fils est mort.

Que Dieu nous donne la force pour continuer à vivre sans nos enfants. »

Il est difficile pour ces mères et pères de se déplacer pendant quatre ans au tribunal et d’éviter la confrontation avec les familles des accusés qui crient, elles aussi, à l’innocence de leurs fils.

Le tribunal avait décidé de renvoyer l’affaire au 12 avril 2012. Il s’agit là du quatrième report. La demande de l’accusé Salim Haddouche pour une liberté provisoire a été également rejetée. « Je n’ai aucune relation avec ce groupe, on ne se connaît même pas ! » a-t-il dit. Mais le magistrat Belkharchi lui avait expliqué ce jour-là que seul le procès le prouverait.