Si le concerné, qui se trouve actuellement à l’étranger, ne se présente pas à la SRGN de Bab Jdid, le parquet général sera saisi pour entamer une autre procédure judiciaire.
L’ex-ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, sera bientôt convoqué par la section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab Jdid, à Alger. Selon des sources proches du dossier, M. Bouchouareb sera entendu dans le cadre d’une enquête préliminaire sur plusieurs faits, notamment sur les soupçons de corruption et les avantages qu’il avait accordés à plusieurs entreprises de bâtiment, de travaux publics et de montage automobile. En ce sens, le prévenu, qui se trouve actuellement à l’étranger, devra se présenter à la SRGN dans les prochains jours pour répondre des faits qui lui sont reprochés. Si ce dernier ne se présente pas, la SRGN saisira le parquet général pour entamer une autre procédure judiciaire pour contraindre le concerné à se présenter aux enquêteurs et/ou devant le juge d’instruction.
Selon nos sources, M. Bouchouareb devra, en premier lieu, répondre sur les avantages qu’il avait accordés au groupe familial KouGC, une entreprise spécialisée dans le bâtiment, les travaux publics, le génie civil et l’hydraulique, appartenant aux frères Kouninef, qui sont en détention provisoire à la prison d’El-Harrach.
En second lieu, le prévenu répondra également sur les avantages octroyés dans plusieurs marchés accordés au groupe ETRHB, dont son président, Ali Haddad, est, lui aussi, incarcéré à la prison d’El-Harrach. Par ailleurs, et dans le même sillage, l’ex-ministre de l’Industrie et des Mines fera l’objet d’une audition dans plusieurs affaires, à savoir trafic d’influence et délit d’initié, abus de pouvoir dans l’exercice de ses fonctions, transfert illégal de devises et soupçons et/ou faits avérés de corruption. L’homme, qui a affecté des usines de montage à des opérateurs novices, au détriment d’opérateurs plus anciens dans le secteur de l’automobile, avait été ouvertement accusé par le président du groupe Elsecom, Abderrahmane Achaïbou, de tentatives de corruption. Toutefois, notre source n’a pas précisé si M. Achaïbou pourrait être entendu en qualité de témoin dans le cadre de cette enquête, d’autant que celui-ci avait été convoqué, en février 2018, par le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed pour un complément d’informations.
Aussi, les enquêteurs s’intéressent à la façon avec laquelle M. Bouchouareb a octroyé des agréments à Cima Motors, comme concession automobile, et à Tahkout Manufacturing Company (TMC) pour ouvrir une usine d’assemblage à Tiaret, et ce, au détriment de Hyundai Motors Algérie (HMA), une marque coréenne qui était gérée pendant vingt-cinq ans par le pôle Automotive du groupe Cevital. Les enquêteurs de la SRGN de Bab Jdid s’intéresseront également à l’octroi d’agréments à des usines de montage automobile à GMI (Global Motor Industry) pour l’assemblage du camion Hyundai, au grand dam de HMA, et d’une autre usine d’assemblage pour la marque Kia, au détriment de Kia Motors Algérie, relevant du groupe Elsecom.
Il n’est pas exclu que les enquêteurs se penchent sur le fameux cahier des charges de 2014, qui avait causé des dégâts collatéraux chez l’ensemble des concessionnaires. En ce sens, le P-DG du groupe Elsecom est revenu, il y a quelques jours, pour accuser M. Bouchouareb d’être derrière la gabegie qui prévaut actuellement dans le secteur de l’automobile. Selon M. Achaïbou, l’ex-ministre avait peaufiné, en 2014, un cahier des charges de sept pages qui n’avait jamais été signé et publié, et “certains concessionnaires, à l’époque, avaient peur de Bouchouareb qui se comportait comme un pharaon vis-à-vis des opérateurs économiques du pays”. Cela va sans dire, les enquêteurs s’intéressent à tous les marchés octroyés durant le règne de M. Bouchouareb à la tête de ce secteur névralgique et aux indus avantages dont ont bénéficié plusieurs opérateurs, au grand dam du code des marchés publics et de la réglementation portant sur l’investissement.
FARID BELGACEM