L’ancien ministre chinois des Chemins de fer, Liu Zhijun, a été condamné lundi à la peine de mort avec sursis pour avoir touché plus de 8 millions d’euros de pots-de-vin entre 1986 et 2011.
L’ex-ministre des Chemins de fer chinois a été condamné lundi à la peine de mort avec sursis, généralement commuée en prison à vie, dans le premier grand procès anticorruption de la présidence de Xi Jinping, a-t-on appris de source judiciaire.
Liu Zhijun, dont les agissements ont profondément terni l’image de la direction du rail chinois jusqu’alors loué pour son rapide développement, a été condamné par un tribunal de Pékin pour diverses malversations et abus de pouvoir.
« Liu Zhijun a été condamné à la peine de mort avec sursis pendant deux ans » pour corruption, et 10 ans de prison pour abus de pouvoir, a déclaré à l’AFP un fonctionnaire de justice.
Le tribunal a également ordonné la confiscation de tous ses biens et avoirs.
La télévision d’Etat a montré des images de l’homme, amaigri, veste noire et lunettes, impassible au prononcé de sa condamnation.
Le vaste scandale dans lequel il était mis en cause aurait porté sur 800 millions de yuans (101 millions d’euros).
M. Liu était accusé d’avoir touché 64,6 millions de yuans en pots-de-vin de 1986 à 2011 en échange de promotions ou d’attributions de contrat alors que la loi chinoise prévoit la peine capitale pour des infractions à partir de 100.000 yuans.
Liu Zhijun avait été nommé en 2003 à la tête du ministère des Chemins de fer. Il avait été révoqué en 2011 de son poste et en novembre 2012 de ses fonctions au sein du Parti communiste chinois (PCC).
La justice chinoise estime qu’il a causé « un préjudice considérable au bien public, à l’intérêt de l’Etat et du peuple ».
Devenu président en mars, Xi Jinping s’est engagé à lutter contre la corruption à tous les niveaux du gouvernement, un fléau qui, selon lui, menace l’avenir du parti unique au pouvoir.
Le président a promis que la répression frapperait « les mouches et les tigres », c’est-à-dire aussi bien les petits cadres que les dirigeants.
La lutte contre les pots-de-vin est toutefois mentionnée chaque année comme une priorité du gouvernement chinois, et en particulier à chaque accession au pouvoir d’une nouvelle équipe rajeunie, sans que dans les faits soit lancée une véritable opération mains propres.
La Chine doit par ailleurs encore organiser, à une date non connue, le procès du dirigeant déchu Bo Xilai, au coeur du plus vaste scandale au sommet du pouvoir chinois depuis des années.
Des internautes ont réagi lundi à l’annonce de la condamnation de M. Liu, que certains jugeaient trop clémente.
« Bonne nouvelle pour les officiels corrompus. C’est une incitation parce que le pire qui puisse leur arriver, c’est la peine capitale avec sursis », déplorait l’un d’eux.
Un autre se lamentait ainsi: « Oh non, il va continuer à gaspiller l’argent des contribuables ».
La Chine a dépensé des centaines de milliards de dollars depuis 2007 pour édifier le plus vaste réseau ferré du monde. Il inclut la plus grande ligne de train à grande vitesse de la planète, l’axe Pékin-Canton, ouvert fin 2012.
Sa réputation a néanmoins été entachée par la collision de deux TGV qui avait fait 40 morts le 23 juillet 2011 près de Wenzhou (est), le pire accident ferroviaire en Chine depuis 2008.
Conséquence de cette collision et des faits reprochés à M. Liu, le ministère des Chemins de fer a été démantelé en mars et ses services ont été placés sous le contrôle du ministère des Transports.