Le Pôle pénal spécialisé dans la lutte contre le crime financier et économique près le tribunal de Sidi M’hamed a ouvert, ce mercredi matin, le dossier de l’ancien ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua.
En détention provisoire depuis juin 2021, l’ancien ministre des Relations avec le Parlement de 2015 à 2018, Tahar Khaoua, est poursuivi pour corruption dans une affaire d’abus de pouvoir aux fins d’obtention d’indus avantages et d’extorsion. Mais aussi de diffamation et menace dont les victimes sont deux frères entrepreneurs issus de la wilaya de Batna, selon le média arabophone Ennahar Online.
Cette affaire de corruption implique également le fils de l’ancien ministre, mais aussi l’ancien wali de Batna, l’ancien inspecteur général de la même wilaya ainsi que l’ex-directeur des biens publics et l’ex-directeur de l’agence du crédit populaire d’Algérie de la même wilaya. De lourds chefs d’accusations sont retenus à l’encontre des mis en cause. Il s’agit notamment d’enrichissement illicite, blanchiment d’argent, menace de diffamation et abus de fonction pour l’obtention d’indus avantages.
Corruption : l’ex-ministre Khaoua accusé d’extorsion
Les faits de cette affaire remontent à 2016, quand Tahar Khaoua avait décidé d’investir dans l’un des projets des deux entrepreneurs, concernant la construction d’une soixantaine de villas à Batna. L’ancien ministre avait au début versé la somme de 16.5 milliards de centimes et devait, par la suite, verser le restant du montant de l’investissement aux deux frères.
Cependant, Tahar Khaoua avait profité de son poste de ministre pour menacer les deux entrepreneurs. Et ce, en les obligeant à lui restituer une somme s’élevant à 25 milliards de centimes, alors qu’il n’avait investi que 16.5 milliards de centimes au départ.
De plus, l’ancien ministre avait extorqué un important projet aux deux frères. En effet, il s’agit d’une école privée à Batna dont la valeur s’élève à plus de 2 milliards de centimes. Avec un équipement scolaire s’élevant à plus de 3 milliards de centimes et des bus scolaires à plus de 2 milliards de centimes.
Pour s’emparer de cette école, Tahar Khaoua aurait contraint les deux frères à lui concéder gratuitement leur établissement scolaire ainsi que l’ensemble de ses équipements et des bus. Et ce, à travers un contrat de vente au nom de son fils.
Par la suite, l’ancien ministre aurait loué l’école privée aux deux frères pour la somme de 840 millions de centimes au titre de l’année 2018-2019. Et pour plus d’un milliard au titre de l’année 2019-2020. Alors que sur le contrat de location, la somme déclarée s’élève à 120 millions de centimes annuellement.
« Je suis un commerçant et un politicien par excellence », lance Tahar Khaoua au juge
Devant le juge du Pôle pénal spécialisé dans la lutte contre le crime financier et économique près le tribunal de Sidi M’hamed, l’ancien ministre Tahar Khaoua a rejeté l’ensemble des accusations retenues à son encontre. Affirmant, qu’il est issu d’une famille révolutionnaire et que son père était un commerçant pieux.
L’ancien ministre n’a pas hésité a retracé son parcours d’études, notamment l’obtention d’un doctorat et d’un magister. Mais aussi son parcours de commerçant et d’investisseur. Lors de son audience, il est aussi revenu sur sa carrière de politicien alors qu’il occupait le poste de ministre des Relations avec le Parlement. « Je suis un commerçant et un politicien par excellence », a-t-il lancé au juge.
Concernant l’affaire liée aux deux entrepreneurs, Tahar Khaoua a nié leurs accusations. Assurant avoir investi une somme de 25 milliards de centimes dans le projet de construction de villas. D’après lui, en 2018, l’un des deux investisseurs avait entamé la vente des villas sans le prévenir. Et quand Khaoua avait réclamé ses dus de l’investissement, il l’avait accusé d’abus de fonctions par ce qu’il occupait déjà le poste de ministre.
Peu de temps après, a-t-il poursuivi, l’investisseur lui aurait proposé des biens immobiliers en échange de son investissement. Il s’agissait d’une école privée et de trois villas, a révélé Khaoua, avant de rajouter qu’il avait, par la suite, découvert que ces biens immobiliers étaient hypothéqués.
Interrogé par le juge sur les menaces proférées contre ledit investisseur, Khaoua a assuré qu’il ne l’avait jamais menacé. Affirmant qu’il souhaitait uniquement récupérer son investissement. S’agissant du contrat inscrit au nom de son fils, l’ancien ministre s’est justifié en expliquant qu’étant marié à deux femmes, il voulait être équitable envers ses fils.