205 mineurs ont été tués mardi lors de l’une des pires catastrophes industrielles survenues en Turquie et plusieurs centaines d’autres restaient piégés sous terre malgré les efforts des secouristes. Le ministre de l’Énergie Taner Yildiz a souligné que le bilan risquait encore de s’alourdir. «Nous entrons dans une phase plus critique. Au fur et à mesure que le temps s’écoule, nous nous approchons à grands pas d’une issue très défavorable», a averti le ministre. «Nous espoir diminuent de plus en plus», a-t-il ajouté alors que le bilan s’alourdissait mercredi matin, passant de 201 à 205 morts.
«En raison de la catastrophe survenue dans la mine de Soma, un deuil national a été décrété pour trois jours à partir du (mardi) 13 mai», indique un communiqué du bureau du premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
787 employés se trouvaient dans la mine de charbon de la province de Manisa, à l’ouest de la Turquie, quand une explosion et un incendie sont survenus mardi après-midi. «Le bilan des morts, qui est déjà très élevé, arrive à un point très inquiétant. S’il y a eu négligence, nous ne fermerons pas les yeux. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires, dont des mesures administratives et légales», a déclaré le ministre.
80 personnes ont été blessées, dont quatre grièvement. «Nous craignons que ce nombre puisse encore grimper car ceux qui sont venus apporter leur aide pourraient rejoindre les blessés et être affectés par les fumées», a expliqué le ministre.
«Aucune nouvelle»
Au cœur de la nuit, des norias de secouristes extirpaient au compte-goutte des blessés, la plupat souffrant de graves difficultés respiratoires, devant des centaines de collègues et de membres de leurs familles en quête de nouvelles d’un proche, prisonnier du sous-sol.
«J’attends des nouvelles de mon fils depuis le début de l’après-midi», a déclaré à l’AFP une femme d’une cinquantaine d’année perchée sur des palettes de bois, Sena Isbiler. «Je n’ai aucune nouvelle, il n’est toujours pas ressorti». «Il y a déjà eu des petits incidents ici, mais là, c’est la première fois qu’on voit un tel accident, aussi grave que ça», a confié un mineur, encore sous le choc.
Un grand nombre de mineurs est parvenu à s’échapper des galeries après l’explosion mais une autre partie d’entre eux restait inaccessible, coincée dans une poche isolée. «Quatre équipes de sauveteurs travaillent dans la mine. Le feu crée des problèmes mais de l’oxygène est injecté dans les puits qui n’ont pas été touchés», a dit le ministre Yildiz. Selon un spécialiste de l’industrie minière,le risque principal tenait au manque d’oxygène. «Si les ventilateurs sont en panne, les mineurs peuvent mourir en une heure», a dit Vedat Didari, de l’Université Bulent Ecevit de Zonguldak.
«Tout ça pour des histoires de pognon»
Selon les premiers témoignages, l’explosion a eu lieu vers 15h30 (à 14h30 à Paris), apparemment provoquée par un transformateur électrique, et a provoqué un effondrement bloquant les mineurs dans les galeries. La compagnie minière Soma Komur a estimé que l’effondrement était «un accident tragique». «L’accident est survenu malgré un maximum de mesures de sécurité et des inspections mais nous avons réussi à intervenir rapidement», a assuré l’entreprise.
Le ministère turc du Travail et de la Sécurité sociale a indiqué que la mine avait été inspectée le 17 mars et qu’elle appliquait les normes en vigueur.
«Il n’y aucune sécurité dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu’à l’argent», a toutefois affirmé un mineur. «Il y a des gens qui sont en train de mourir là-dedans, des blessés, et tout ça pour des histoires de pognon», a renchéri un de ses collègues très en colère.