Fayçal Djoudi
Depuis l’ouverture de la saison estivale, 102 personnes se sont noyées en mer, dans des retenues d’eau et autres étendues d’eau, soit plus de deux morts par jour. Et dire qu’il reste encore un mois et demi avant la clôture officielle de la saison, sans compter le mois d’août connu pour sa grande affluence.
A se fier aux statistiques des services de la Protection civile, les plages d’Algérie ont été meurtrières depuis le 1er juin, pour 54 estivants, dont 35 ont été enregistrés dans des plages non surveillées. Pour les victimes qui ont péri dans les plages autorisées à la baignade, on compte 19 noyades constatées en dehors des heures de surveillance. Dans le même contexte, plus de 30 000 interventions ont été effectuées durant la période considérée, dans le cadre du dispositif de surveillance des plages mis en place par la Protection civile au niveau des 14 wilayas côtières, ayant permis de sauver plus de 20 000 personnes de la noyade.
Outre les plages, les noyades sont également observées dans les plans d’eau. Un coup d’œil sur les statistiques révèle 48 morts, dont 13 noyés dans des mares d’eau, 15 dans des retenues collinaires, 10 dans des barrages, 3 dans des oueds, ainsi que 6 dans des bassins et piscines. D’ailleurs, ces dernières 48 heures, 3 personnes ont trouvé la mort par noyade, dont
2 adolescents âgés de 14 ans. La première à Jijel, dans une plage dite Rocher aux Moules et la deuxième est décédée dans une mare d’eau, au lieu-dit El Habara, wilaya de M’sila. Enfin une dernière victime est décédée dans une retenue collinaire, située au lieudit Ouled Ali, (Boumerdès). Pour limiter cette hécatombe, la Protection civile lance, chaque année, des campagnes de prévention et de sensibilisation sur les dangers de la mer et la baignade. Toutefois, ni la sensibilisation des autorités ni les plaques « Baignade interdite » ne semblent impressionner.
Des piscines… pour juguler le phénomène des noyades
Selon les dernières déclarations de la sous-directrice de l’organisation et du développement du territoire au ministère de l’Intérieur, Mme Bouderouia, « les pouvoirs publics mènent des campagnes de sensibilisation et des actions pour diminuer la fréquentation des plans d’eau en ouvrant des piscines », annonçant à cet effet « l’ouverture au courant de la présente saison de 80 piscines dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux ».
Dans ce sillage, « la commission nationale multisectorielle de préparation de la saison estivale, mise en place par le ministère de l’Intérieur, a déjà entamé l’exécution d’un programme d’inspection intensif couvrant les 14 wilayas côtières pour s’enquérir des conditions de déroulement de la saison estivale », selon la même responsable.
A cet effet, 70 cadres ont été mobilisés pour couvrir les 426 plages autorisées à la baignade et soulever leurs observations à la commission nationale, présidée par le ministre de l’Intérieur, ce qui permettra de prendre les mesures opérationnelles nécessaires, a indiqué Mme Bouderouia. Il s’agit notamment de vérifier le respect des instructions relatives au principe de la gratuité d’accès aux plages, le respect des tarifs des services et prestations fournis et de s’assurer de la disponibilité de toutes les commodités nécessaires aux estivants, à l’instar des moyens de transport et de loisirs. En outre, la responsable a fait savoir qu’un « questionnaire intelligent » a été initié pour un « contrôle qualitatif » des plages, expliquant que l’administrateur de chaque plage dispose d’une tablette reliée par connexion au ministère de l’Intérieur.
Cet administrateur remplit un questionnaire trois fois par semaine (mardi, vendredi et samedi) en posant des questions à 20 estivants par plage sur les différentes prestations de service (transport, hygiène, sécurité…). Le questionnaire est ainsi transmis par intranet au niveau central afin d’analyser les données recueillies au niveau de l’ensemble des plages autorisées à la baignade.