L’hémorragie

L’hémorragie

La fuite des cerveaux constitue une véritable hémorragie sur les plans économique et social du pays. Les experts en la matière le disent.

Le terrorisme sévissant dans les années 1990 a beaucoup contribué à la fuite des cerveaux, mais il n’y a pas que le terrorisme puisque l’absence de perspectives et de recherches scientifiques, à l’époque, n’ont pas encouragé l’élite algérienne à rester au pays. Ils partaient en grand nombre vers la France, le Canada, les Etats-Unis, l’Espagne et d’autres pays encore. Ils sont diplômés en biologie, géologie, informatique, électronique et dans d’autres filières très sollicitées dans ces pays.

Dans les années 1990, l’Algérie, confrontée au terrorisme et au prix bas du baril du pétrole qui tournait autour de 14 dollars, ne disposait pas d’un nombre suffisant de centres de recherches.

« C’est parce qu’il n’y avait pas de centres de recherches en nombre suffisant, à l’époque, que j’ai décidé de partir à l’étranger », nous dira Abderraouf, détenteur d’un diplôme d’études supérieures en génie biologique, obtenu à l’université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB).

« Je suis parti en France du fait qu’il existait, à l’époque déjà, de grands centres de recherches », ajoute-t-il.

Combien sont-ils les universitaires algériens partis vers d’autres pays ?

Présentée en avril 2015, une étude réalisée par une équipe de chercheurs conduite par le sociologue Mohamed Saib Musette a estimé à 268 000 le nombre de cerveaux algériens établis et travaillant à l’étranger. Cette étude portant sur la fuite des cerveaux et le développement dans l’espace UMA note qu’en Europe les migrants algériens qualifiés représentent près de 268 000 personnes, et que leur destination favorite est la France avec 75 % des migrants qualifiés, le Canada 11 %, et l’Angleterre 4 %.

La récupération des cerveaux : l’objectif des patrons

La fuite des cerveaux algériens a suscité beaucoup d’inquiétude et fait couler beaucoup d’encre pendant plusieurs années. Aujourd’hui, parler de ce sujet ou de cette problématique ne fait plus la « une ».

Désormais c’est une autre donnée qui vient s’imposer, celle de récupérer ces cerveaux à l’étranger. C’est le cas des patrons de sociétés à l’instar de Rebrab, Haddad ou encore Mehri qui, pour ce faire, organisent même des Salons à l’étranger afin de récupérer ces Algériens qui ont brillé dans les pays les plus développés dans le monde.

Chaque année, plus de 25 000 Algériens quittent le pays pour aller sous d’autres cieux plus « développés » pour une carrière professionnelle des plus sûres.

Pis, plus de 500 000 Algériens qu’on qualifie de têtes pensantes exercent aujourd’hui dans les plus prestigieuses sociétés et entreprises à travers le monde, d’après les dernières statistiques dévoilées en 2014 par The Global Intelligence International. Ces dizaines de milliers d’Algériens et d’Algériennes vivent à l’étranger avec l’espoir de retourner un jour dans leur pays pour monter des projets et exploiter leur savoir-faire.

C’est d’ailleurs le but des chefs d’entreprises algériennes qui, eux aussi, s’intéressent à l’élite algérienne de l’étranger, formée dans des écoles de renom. Un effet boomerang qui peut s’avérer payant pour l’économie algérienne qui, faut-il le rappeler, dépend toujours des hydrocarbures.