L’homme n’a pas changé. Il reste celui qu’il a toujours été depuis sa toute première irruption sur la scène politique. Plus par fidélité à soi-même que par constance. Car, en matière de positions et surtout de postures, il en a bien changé et, quelquefois, de manière spectaculaire.
Ce qui, chez lui, est invariable, c’est surtout cette promptitude à dégainer dès qu’il s’agit de répondre à des critiques ou de faire pièce à l’opposition. Mais, dans ce registre, il semble en avoir tellement dit, et trop systématiquement, pour avoir quelque chance de faire mouche. Et, pour Ahmed Ouyahia, tout le problème est là, dans son incapacité à être persuasif, convaincant. On peut d’ailleurs supposer que cela n’est pas forcément son but, tant on ne perçoit chez l’homme aucun effort d’argumentation. Pour lui, l’essentiel est toujours de dire ce qu’il veut, que cela passe ou non.
C’est ainsi que, plus d’un an après la conférence de Mazafran, organisée par l’opposition avec le succès que l’on sait, M. Ouyahia découvre que cette rencontre n’avait… duré que “4 heures”. Et que, à cause de cela et rien que pour cela, les résolutions d’une telle conférence ne peuvent être opportunes, encore moins recevables. Sans le savoir, il vient d’inventer un instrument de mesure de la viabilité des propositions politiques : la durée des réunions. Parions, toutefois, que l’invention ne trouvera pas de place dans les manuels de sciences-po. En revanche, on se souvient qu’il n’avait pas eu cette même célérité à rejeter l’initiative de Saâdani pour la création d’un “front”, pourtant individuelle et non concertée, et qui n’avait fait l’objet d’aucune réunion, aussi brève soit-elle. C’est même à l’inverse que nous avons assisté : un niet immédiat et catégorique opposé par le FLN à la proposition du RND de ressusciter la défunte “Alliance présidentielle”. Et c’est sans doute cela l’autre problème actuel de M. Ouyahia. Problème ? Plutôt une préoccupation majeure : il doit plus que jamais user de sa rhétorique habituelle, inféconde, pour se maintenir ou, tout au moins, limiter sa perte de terrain, au sein d’un système qui tente de se recomposer. Pour que cette recomposition ne se fasse pas sans lui ou à ses dépens.