Les deux envoyés spéciaux du Monde au Burundi, Jean-Philippe Rémy et Phil Moore, ont été libérés vendredi après-midi, quelques heures après leur arrestation. Aucune charge n’a été retenue contre eux.
Les deux journalistes Jean-Philippe Rémy et Phil Moore, arrêtés jeudi au Burundi lors d’une opération policière contre des « criminels armés », ont été libérés, vendredi 29 janvier, sans inculpation, après leur audition par le Parquet, a annoncé l’ambassadeur de France à Bujumbura.
« Ils ont été libérés. Aucune charge n’a été retenue contre eux », a annoncé à l’AFP, l’ambassadeur de France à Bujumbura, Gerrit Van Rossum, précisant toutefois que leur équipement professionnel ne leur avait pas été rendu dans l’immédiat.
Les deux envoyés spéciaux du journal Le Monde avaient été arrêtés jeudi avec dix-sept autres personnes au cours d’une opération de police, avait annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le ministère burundais de la Sécurité publique.
Le quotidien avait aussitôt demandé la libération immédiate des deux journalistes, qui « étaient tous deux munis de visas et ne faisaient qu’exercer leur métier en rencontrant toutes les parties concernées par les tensions en cours au Burundi ».
La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait également appeler « les autorités du Burundi à procéder à [la] libération immédiate du journaliste français, Jean-Philippe Rémy, ainsi que du photographe britannique, Philip Moore ».
L’opposition implore l’UA d’envoyer des troupes
Le Burundi a plongé dans la violence après la répression brutale en avril 2015 de manifestations contre un troisième mandat du président contesté, Pierre Nkurunziza, réélu en juillet dans un scrutin boycotté par l’opposition.
Depuis, les manifestations, un coup d’État manqué et une rébellion armée ont déjà fait plus de 400 morts et contraint à l’exil quelque 230 000 personnes, selon l’ONU, qui craint que le pays sombre dans un conflit ethnique.
Jeudi, l’ONG Amnesty International a indiqué que des images prises par satellite montrent ce qui pourrait être cinq charniers dans la banlieue de Bujumbura, la capitale du Burundi, venant confirmer les déclarations de témoins sur place qui accusent les forces de l’ordre d’avoir tué des dizaines de personnes en décembre. L’ONU avait dénoncé la semaine dernière l’existence de massacres ethniques, de charniers avec une centaine de cadavres et de viols collectifs commis par les forces de sécurité.
De son côté, la principale coalition d’opposants burundais en exil, le Cnared, a regretté jeudi les « hésitations » de la communauté internationale et exhorté l’Union africaine (UA) à voter l’envoi d’une force d’interposition au Burundi contre le gré du président Nkurunziza.
Le déploiement de la Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu) de l’UA est loin d’être acquis, bien que les chefs d’État et de gouvernement africains doivent voter en fin de semaine sur cette question lors d’un sommet à Addis Abeba. Et pour cause, le président Nkurunziza a promis de la « combattre » comme « une force d’invasion et d’occupation ».