Depuis vendredi dernier, l’actualité libyenne est marquée par les combats qui opposent les troupes de Khalifa Haftar à des groupes islamistes armés dans le site pétrolier de Ras Lanouf.
Selon le colonel Ahmad al-Mismari, porte-parole des forces commandées par M. Haftar, ces groupes armés sont connus sous le nom de «brigades de défense de Benghazi «. Ils sont «arrivés jusqu’à l’aéroport principal de Ras Lanouf et étaient équipés de tanks modernes et d’un radar pour neutraliser l’armée de l’air de l’homme fort de l’Est libyen. «Nous avons perdu deux martyrs (…) parmi nos combattants». Mais «la bataille continue «et «la situation dans la zone du Croissant pétrolier demeure sous (notre) contrôle», a affirmé le porte-parole. En septembre dernier, les forces du général Haftar avaient pris le contrôle en septembre des quatre principaux sites pétroliers du pays –Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra–, qui assuraient l’essentiel des exportations libyennes d’or noir depuis le nord-est du pays. Les «brigades de défense de Benghazi «où le BDB avaient été chassées de Benghazi par les forces du maréchal Haftar, qui a déclaré la guerre aux groupes islamistes et radicaux sévissant dans l’Est libyen. Alliées à des tribus de l’est du pays, les BDB ont lancé vendredi dernier, apparemment avec succès, une nouvelle offensive pour tenter de conquérir les installations du Croissant pétrolier libyen. Après l’échec de quatre précédentes tentatives, elles «sont revenues avec une force plus importante», a reconnu le colonel Mismari. «Nous avons choisi de déplacer tous les avions en lieu sûr», a-t-il ajouté. Les forces aériennes sous le contrôle du général Haftar avaient effectué des sorties et des frappes «du matin jusqu’à la tombée de la nuit (…) détruisant environ 40% de leurs véhicules». Le GNA, dont l’autorité est contestée par le maréchal Haftar, a de son côté affirmé dans un communiqué «n’avoir aucun lien avec l’escalade militaire dans la région du Croissant pétrolier». Il a souligné aussi «n’avoir donné aucune directive ni ordre à une quelconque formation de se diriger vers cette zone», condamnant «avec force toute action qui sape les espoirs des Libyens». Le GNA a toutefois prévenu qu’il «ne resterait pas les bras croisés si les affrontements se poursuivaient dans cette zone ou ailleurs «en Libye. De son côté, l’émissaire de l’ONU en Libye, Martin Kobler, a appelé à éviter l’escalade. «Je demande aux deux parties de s’abstenir de toute escalade et d’assurer la protection des civils, des ressources naturelles et des installations pétrolières de la Libye», a-t-il écrit sur son compte Twitter. Plusieurs initiatives ont été lancées pour tenter de rapprocher le GNA et le maréchal Haftar, mais sans succès apparent jusqu’à présent. La Libye est déchirée par des rivalités entre ses milices mais aussi entre ses dizaines de tribus, composantes essentielles de la société. Dans ce cadre, le pétrole qui représente plus de 95% des revenus du pays est souvent au centre des luttes de pouvoir et fait l’objet de toutes les convoitises.