Depuis qu’ils se sont retranchés au niveau du Centre de conférences «Ouagadougou», voilà un mois environ, les terroristes de l’EI paraissent irrémédiablement encerclés, sans avoir pour autant perdu leur capacité de nuisance.
«Le compte à rebours a commencé.» C’est ce qu’ont annoncé hier les forces du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), composées des milices de l’Ouest dont celles de Misrata. Celles-ci se préparent en effet à donner l’assaut au bastion de l’organisation autoproclamée Etat islamique, circonscrit dans un pan du quartier centre de Syrte. Avec le soutien probable de l’aviation américaine qui a pilonné la semaine dernière les positions de Daesh, les soldats du GNA, soutenu par l’ONU, vont tenter de reprendre définitivement la ville dont l’EI avait fait sa place forte depuis Derna, bien plus au sud du pays.
Il faut dire que l’offensive lancée le 9 juin peinait à se concrétiser alors que la victoire était donnée comme imminente à plusieurs reprises. Ayant repris les deux tiers de la cité, les milices combattantes se sont heurtées aux nombreux snipers et aux mines disséminées par Daesh dont les éléments recourent depuis à des attentats suicides à la voiture piégée.
C’est le «début du compte à rebours pour la dernière phase des opérations militaires contre (…) Daesh» (acronyme arabe de l’EI) dans cette ville côtière située à 450 km à l’est de Tripoli, annonçaient donc hier ces forces, dans un communiqué. Selon le texte, les commandants de l’opération ont tenu des réunions «intensives» avant l’assaut «final et décisif» pour «éradiquer la bande de Daesh de la ville de Syrte». Le centre de communication avait publié la veille de nombreuses illustrations de militaires penchés sur la topographie des lieux, histoire de montrer la minutie des préparatifs.
Depuis qu’ils se sont retranchés au niveau du Centre de conférences «Ouagadougou», voilà un mois environ, les terroristes de l’EI paraissent irrémédiablement encerclés, sans avoir pour autant perdu leur capacité de nuisance. Cible majeure des frappes aériennes américaines, ce centre abrite en fait le commandement de Daesh et c’est pourquoi l’aviation US a multiplié ses raids, effectuant samedi dernier pas moins de six sorties conclues par la destruction d’un véhicule armé et tuant un sniper. C’est en tout cas ce qu’a indiqué le commandement libyen chargé des opérations antiterroristes basé à…Syrte.
Depuis le 12 mai, date du début de la grande offensive, on enregistre plus de 300 morts et 1300 blessés, selon un bilan fourni par les sources médicales de Misrata qui se situent à 200 km de la capitale, Tripoli.
Du côté de Benghazi, après le dernier attentat qui a coûté la vie à 17 soldats, les troupes du général Khalifa Haftar ne sont pas non plus parvenues à éradiquer la ville et ses environs de la présence terroriste. Daesh continue, épisodiquement, à lancer des attaques-suicides et la riposte des forces tributaires du Parlement de Tobrouk, non reconnu par la communauté internationale depuis la mise en place du gouvernement d’union nationale que préside Fayez al Sarraj, qui tarde à se concrétiser. Il est vrai que l’armement promis par les puissances occidentales, en 2014, n’est jamais parvenu à bon port.
La question humanitaire reste néanmoins pendante et le flot des migrants ininterrompu en direction des côtes italiennes. Outre, les bateaux de l’Otan et du gouvernement italien, entre autres, une dizaine de navires humanitaires «privés» patrouillent au large de la Libye, affrétés par Médecins sans frontières (MSF), SOS Méditerranée, les maîtres-nageurs catalans de Proactiva Open Arms (espagnole), les Allemands de Sea-Watch, Sea-Eye ou encore Jugend Rettet. MSF et Sea-Watch sont sur le pied de guerre depuis début 2015,
d’autres comme Proactiva ont surtout activé en mer Egée avant de rejoindre la Méditerranée. Cinq des navires mobilisés dans le cadre de cette flotte particulière, le Phoenix et le Responder (Moas), le Bourbon Argos et le Dignity (MSF) ainsi que l’Aquarius (SOS Méditerranée et MSF), sont capables de débarquer les migrants en Italie, de sorte qu’ils participent au dispositif militaire européen actuel: marine et gardes-côtes italiens, opération anti-passeurs Sophia, agence européenne de contrôle des frontières Frontex, marine irlandaise, etc…Comme on le voit, la question libyenne n’a pas fini de peser sur l’ensemble de la région.