Rencontrer l’amour de sa vie à 17 ans, s’installer dans un pays étranger et y vivre la plus grosse frayeur de sa vie, tel était le destin de Tatiana Harkat. Cette ressortissante bulgare qui vit en Algérie depuis 60 ans raconte ainsi son histoire, où se mêlent hasard, destin et détermination.
Du haut de ses 77 ans, Tatiana a du vécu derrière elle. Cette dernière revient pas à pas sur chaque moment passé en Algérie et les raisons qui la font rester à ce jour.
L’histoire émouvante de Tatiana, sage-femme bulgare ayant vécu 60 ans en Algérie
Née en Bulgarie dans les années 40, Tatiana débarque en Algérie en 1963. Sa mère, infirmière à l’époque, est envoyée travailler en Algérie juste après l’indépendance. Tatiana reste alors quelques mois seule avec son père et sa sœur, puis rejoint le territoire algérien à l’occasion d’une visite de courtoisie. Visite qui se termine par une décision d’emménager quelques années dans le pays en tant que famille.
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Entre temps, Tatiana est adolescente et fait la rencontre d’un jeune homme algérien d’une vingtaine d’année à son anniversaire. Ce fut le coup de foudre, et le couple ne tarde pas à officialiser leur union par un mariage. Tatiana, rebaptisée « Hanifa », coule des jours heureux avec son mari, avec qui elle concevra 3 beaux garçons.
Tatiana est sage-femme à la polyclinique de Berraki pendant de nombreuses années, l’occasion pour elle de nouer des liens avec la gent féminine locale. Voisins, amis et connaissances ont recours à ses services de temps à autre « Il m’est arrivé de sortir à 3 heures du matin en chemise de nuit avec ma robe de chambre sur le dos et ma petite sacoche, pour effectuer des accouchements dans mon quartier » explique cette dernière.
La décennie noire, une période à haut risque pour les étrangers
Pour Tatiana, sa vie en Algérie est un long fleuve tranquille. Un périple paisible qui est par ailleurs secoué par l’arrivée du régime terroriste dans les années 90. En tant que ressortissante étrangère, Tatiana est inquiète pour sa sécurité et use de bien des moyens pour cacher son identité, en vain. Témoin d’un meurtre dans une place publique (égorgement), cette dernière en garde des séquelles et cherche à se protéger par tous les moyens.
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Elle est un jour abordée par une connaissance qui lui assure qu’elle ne « craint absolument rien ». Connaissance qui s’avère plus tard être un Émir terroriste, arrêté et tué par les forces de l’ordre.
Tatiana vit aujourd’hui seule à Berraki, son mari décédé et ses enfants expatriés à l’étranger. La solitude ne pèse en rien sur la sage-femme, qui se dit amplement heureuse de vivre en Algérie et qui compte bien y finir ses jours.