La vie que certains condamnés mènent après avoir purgé leur peine de prison est souvent meilleure quand ils réussissent leur réinsertion dans la société. Cela n’est pas toujours le cas, car certains demeurent hantés par la peur du regard des autres, par la tentation de la récidive et surtout, par les retombées de leur acte irréversible.
C’est le cas de Kamel Daoudi, un algérien âgé de 47 ans qui continue jusqu’à l’heure actuelle à payer les pots cassés de sa condamnation en 2005 pour terrorisme. Depuis sa libération en 2008, Kamel est soumis à une assignation à résidence une mesure restrictive consistant à limiter les déplacements de la personne en question et surveiller ses fréquentations.
Pour mieux comprendre l’histoire de cet algérien qui est le plus ancien assigné à résidence en France, une rétrospective concise s’impose. Kamel est né en Algérie, il est arrivé en France à l’âge de cinq ans. Il a été arrêté pour un projet d’attentat contre l’ambassade des États-Unis à Paris, un projet le reliant à l’organisation terroriste d’Al-Qaïda. Condamné à six ans de réclusion pour terrorisme, il est interdit définitivement du territoire pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et il a été déchu de sa nationalité française.
Ni l’enfer ni le paradis
Rappelons que Kamel a été libéré en 2008, dans ce cas là, pourquoi n’est-il pas revenu en Algérie notamment après avoir été déchu de sa nationalité française ? En effet, il devait repartir en Algérie mais la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a refusé ce départ de crainte qu’il soit torturé à son retour.
Raison pour laquelle il a été assigné à résidence depuis, et ce, sans date limite. Arrêtés ministériels obligent, Kamel a changé de villes françaises sept fois, l’éloignant chaque fois plus de sa femme et de ses trois enfants.
Une journée dans la vie d’un assigné à résidence
La vie de Kamel n’est pas une sinécure, il passe ses journées entre les pointages ( 14000 en treize ans ) et le couvre-feu, il ne peut franchir les virtuelles frontières de sa commune que lui seul voit très concrètes. Face à cette situation affligeante, Kamel a demandé l’asile à une quarantaine de pays différents, qui se ressemblent tous dans leur refus catégorique de cette demande.
Aujourd’hui, cette histoire refait surface car Kamel est sur la corde raide. Ce dernier avait demandé en 2020 que son interdiction de territoire soit annulée. »Il est privé de ses droits élémentaires: il ne peut pas travailler et vit à environ 300 km de sa famille » déplore son avocat Me Emmanuel Daoud. Ce mardi, le verdict de la cour de cassation tombera.
La demande de Kamel Daoudi, est-elle un droit légitime ou une demande utopique ? sera-t-elle enfin accepté ?