L’industrie automobile, connue pour être lourde, nécessite du temps et de gros moyens pour se mettre en place alors que pour le moment le projet n’est qu’au stade des offres.
La logique veut que tout fabriquant délocalise ou à défaut s’implante là où il est assuré de vendre son produit, c’est-à-dire dans un marché porteur.
Un principe qui n’est souvent pas respecté pour des raisons multiples. Le secteur de l’industrie automobile illustre à lui seul, cette situation.
Car à bien regarder les chiffres et les performances des constructeurs, le marché algérien reste le plus rentable en termes de nombre de véhicules vendus chaque année.
D’où ces interrogations, toujours d’actualité au demeurant, sur le choix d’autres pays pour investir et construire des unités de montage de véhicules.
Pourtant tous les indicateurs sont en faveur de notre marché qui connait un boom sans précédent.
La relance de ce projet, comme annoncé par le ministre de l’industrie, de la PME et de la promotion de l’investissement, le week-end dernier, montre d’abord l’intérêt croissant des pouvoirs publics pour ce créneau et aussi l’entrée en course de nouveaux concurrents qui pourraient donner un coup de starter à ce projet qui a fait couler beaucoup d’encre.
Il faut dire que cela fait des années que cette question n’est pas encore tranchée mais qui revient sans cesse par la voix de responsables algériens ou sous forme d’intention d’investissement de responsables de certains constructeurs.
Les offres ne manquent pas, mais la concrétisation tarde à voir le jour. C’est dire que les négociations sont loin d’être une sinécure et trouver un terrain d’entente n’est pas pour demain.
L’industrie automobile, connue pour être lourde, nécessite du temps et de gros moyens pour se mettre en place alors que pour le moment le projet n’est qu’au stade des offres.
Temmar tablait sur 2011
Du temps de l’ex-ministre de la promotion des investissements, Hamid Temmar, le projet de montage de véhicules a été très médiatisé. A chacune de ses sorties sur le terrain, la question revenait sans cesse. Temmar ne s’est pas privé de donner la date de 2011 pour voir la première voiture «made in Algérie» rouler.
A l’époque le projet paraissait réalisable et à la portée des deux parties, l’Etat et un des constructeurs étrangers. Mais au fur et à mesure que l’échéance approche, la mission devient plus difficile.
La date annoncée par Temmar reposait en tout cas sur des contacts et des négociations sérieuses qui laissaient entendre que la machine ne tardera pas à démarrer.
En effet, les discussions entre la SNVI et le constructeur Renault, étaient d’abord médiatisées et donnaient aussi l’impression que tous les volets étaient passés en revue pour aboutir à un accord.
Néanmoins, le processus n’est pas allé à son terme. Le constructeur français avait, alors, remis en cause l’environnement des affaires qu’il jugeait défavorable en plus de certaines appréhensions soulevées autour de la capacité de notre industrie à concrétiser un tel projet. Mais il n’y a pas que les Français qui étaient intéressés par le marché algérien, ceux du continent asiatique sont vite entrés en course.
Les offres affluent
Les négociations entre la SNVI et Renault étaient au stade avancé au point que le nombre de voitures à fabriquer, la marque et le site ont été ficelés par les deux parties.
Il était prévu l’assemblage de 50 mille véhicules (la Logan, la Sandero et la Symbol) destinés au marché intérieur.
Renault est vite rattrapé par de nouveaux concurrents. Le ministre de l’Iindustrie a abordé la question devant les membres du Conseil de la nation et pour la première fois, on apprend que même un constructeur japonais a fait une offre en plus de Renault et d’un chinois.
C’est dire que le marché algérien est très convoité au vu des nombreux avantages qu’il offre. Les trois offres sont actuellement à l’étude a encore précisé Mohamed Benmeradi. La concurrence s’annonce rude et c’est tout naturellement au grand bénéfice et du consommateur algérien.
Les détails des négociations ne sont pas encore divulgués hormis une chose qui reste sûre, le gouvernement tentera de tirer un bénéfice de ce secteur, notamment pour ce qui est du savoir-faire très recherché dans ce domaine.
Le retour de Renault à la table des négociations et l’arrivée de nouveaux constructeurs est dicté par la conjoncture économique mondiale et interne de l’Algérie. Car il est évident que la crise économique a eu des répercussions négatives sur les finances de ces entreprises qui cherchaient de nouvelles débouchées, c’est-à-dire des marchés à même de leur permettre de rebondir.
Dans ce registre, les différentes études menées sur les marché maghrébin et algérien ne sont pas sans effet sur la décision des constructeurs.
Les prévisions parlent d’une prochaine reprise des ventes de véhicules, donc plus d’importation même si les nouvelles mesures de la loi de finances complémentaire 2009 ont réussi à faire infléchir la courbe des ventes.
La suppression du crédit automobile a été un coup dur pour toutes les marques et le gouvernement n’entend pas faire marche arrière car pour lui l’objectif est clair ; réduire la facture des importations et ne pas faire de l’Algérie uniquement un partenaire commercial.
Malgré ces dispositions, le marché algérien au côté du sud-africain reste le plus dynamique sur le continent africain avec une croissance très soutenue et l’argument tient encore la route
Certains constructeurs ayant vu leur vente chuter de près de 20% en moins d’une année, ont commencé à réfléchir sur la question du montage.
Le groupe Aabr en course aussi
Dans cette course pour la construction automobile, il n’y pas que les Français, chinois ou japonais, le groupe émirati Aabar Investments est également de la partie. Ce dernier avait, rappelons-le, des négociations marathons au sein de son conseil d’administration lesquels avaient débouché sur un accord interne prévoyant son engagement officiel en Algérie dans l’industrie automobile.
Son conseil d’administration avait donné le feu vert pour une prise de participation à hauteur de «24,5% dans un projet de production de véhicules en Algérie».
Initié par le gouvernement, le projet en question sera concrétisé sous forme de partenariat avec cinq firmes allemandes, à savoir Ferrostaal, Deutz, Rheinmetall, le motoriste MTU et Daimler dont le groupe Aabr détient depuis 2009, 9,1% du capital pour 2,7 milliards de dollars.
Les trois parties associées ont fixé l’objectif de produire «10 mille véhicules par an» dont une bonne partie sera destinée à l’Armée nationale. Le coût de l’investissement est estimé à un peu plus de «500 millions de dollars».
Pour ce qui est du site où sera implantée la future usine, trois noms sont retenus, à savoir Tiaret, Aïn Smara et Oued Ahmimine dans la région de Constantine.
Le projet, comme annoncé, sera opérationnel en 2011. Autant de projets qui donnent un nouveau souffle à l’industrie automobile très affectée depuis près de deux ans.
Il faut dire que l’Algérie est bien placée pour se doter d’une industrie automobile. Elle offre des avantages comparatifs comme l’existence de sous-traitants (200 au total), indispensable à toute industrie automobile, un point toujours mis en avant par la SNVI dans ses négociations, en plus de la disponibilité de la matière première comme l’industrie hydrocarbure et pétrochimique ainsi que l’existence d’une industrie de la sidérurgie, du verre et du plastique.
Des atouts qui auront leur poids dans la décision des constructeurs.
R.E.H.
Par : Ryadh El Hadi