L’informel reste un phĂ©nomène qui hante au plus haut point les pouvoirs publics en AlgĂ©rie.
En dĂ©pit des diffĂ©rentes mesures prises ces derniers temps, sa menace sur la stabilitĂ© de l’Ă©conomie reste intacte.
L’Ă©tude rĂ©alisĂ©e rĂ©cemment par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) en dit long sur la gravitĂ© de la situation.
Le FCE Ă©value la part du secteur Ă environ 600 milliards de dinars, soit 17% de l’ensemble des revenus primaires nets des mĂ©nages algĂ©riens. Un chiffre qui donne le tournis.
Pis, selon un responsable au ministère du Commerce, 35% du marchĂ© des fruits et lĂ©gumes active dans l’informel.
Le circuit non contrĂ´lĂ© par les services concernĂ©s reprĂ©sente ainsi plus d’un tiers du marchĂ©.
L’Ă©conomie algĂ©rienne est aujourd’hui face Ă un danger imminent. Tous les secteurs subissent les foudres de ce marchĂ© invisible mais certainement «structuré».
Le marchĂ© de l’automobile est menacĂ© par le phĂ©nomène de mĂŞme que les produits Ă©lectromĂ©nagers, les mĂ©dicaments, les produits cosmĂ©tiques et mĂŞme les produits alimentaires.
Le secteur du textile national n’existe plus. Le prĂŞt-Ă -porter chinois de marques inconnues l’a remplacĂ©.
La liste des secteurs gangrenĂ©s par l’informel est encore longue, mĂŞme le marchĂ© des composants informatiques et logiciels est frappĂ© de plein fouet.
L’on annonce souvent des stratĂ©gies, des mesures draconiennes, des instructions, des lois, des rĂ©ductions de taxes, des renforcements des Ă©quipes de contrĂ´le, mais sa force de frappe demeure vive. Il a la peau dure, l’informel.
Et, comble de l’ironie, l’on assiste impuissamment à «la reconversion» de quelques opĂ©rateurs Ă©conomiques qui trouvent l’idĂ©e de travailler dans l’ombre «merveilleuse».
Ce qui renforce encore les rangs des «hors-la-loi». Qui encourage ce secteur ? Quelles sont ses racines ? D’oĂą proviennent tous ces produits contrefaits qui alimentent «les pseudos Ă©tals» de ce marchĂ© ?
RĂ©pondre Ă toutes ces questions pourrait nous assurer la rĂ©solution d’une partie du problème.
Mais plus grave encore, le secteur emploie des milliers de chĂ´meurs qui, souvent, justifient leur besogne par la fermeture des portes du marchĂ© de l’emploi lĂ©gal.
Aujourd’hui, l’Ă©conomie algĂ©rienne est face Ă un problème inextricable et multidimensionnel. Comment aborder le problème ?
Les spĂ©cialistes affirment que l’existence de l’informel n’est nullement un danger, Ă condition qu’il soit Ă des proportions «acceptables».
DĂ©clarer la guerre Ă l’informel c’est secouer la ruche brusquement, mais ce n’est, malheureusement, pas sans consĂ©quences.
Donc, procĂ©der par Ă©tapes serait un peu plus appropriĂ©. Des secteurs sont aujourd’hui exposĂ©s plus que d’autres.
Les pertes engendrĂ©es aussi varient d’un crĂ©neau Ă un autre. Ceci dit, une vĂ©ritable base de donnĂ©es et une Ă©tude approfondie s’imposent avant toute action pour Ă©viter les dommages collatĂ©raux.
Au final, lutter contre l’informel est une tâche ardue, un travail de chaque jour, mais pas impossible.
SmaĂŻl Boughazi