Bouteflika a encore présidé un “conseil restreint” autour du projet de révision constitutionnelle. Mais ce n’est pas fini : “D’autres réunions seront consacrées à la finalisation de cet avant-projet, sous la direction du chef de l’État.”
Nous devrions donc encore patienter, le pouvoir ayant encore besoin de temps pour affiner le document. Les quatre ans et demi de consultations, de rédaction et de correction n’ont apparemment pas suffi à la production d’un texte finalisé. Connaissant la longévité de nos Constitutions, on peut se demander pourquoi prendre autant de temps à peaufiner un texte que le prochain président s’empressera de remanier, et il le fera, dès le début de son règne. D’ailleurs, Bouteflika lui-même n’a pas résisté à l’envie d’adapter la Constitution en vigueur à son arrivée : en 2003, quatre ans après le début de son règne, il lui apportait une première rectification avant de l’amender plus profondément, cinq ans plus tard, pour l’adapter à son ambition de présidence à vie.
Il est peu probable que ce soit la qualité de l’œuvre qui ait requis tout ce délai de maturation. D’autant plus qu’il s’agit d’une simple révision d’une Constitution encore en vigueur. Même si des “consultations” ont été formellement organisées, la conception de cette révision semble être l’affaire du pouvoir.
Les Tunisiens n’ont mis que quelques semaines pour se donner une nouvelle Constitution dans des conditions d’instabilité politique et de confrontation idéologique. Notre pouvoir n’est même pas contraint à cette nécessité de consensus, puisque, une fois expédié le défilé des partis et personnalités consultés, il a eu tout le loisir de confectionner son texte dans le huis clos de la Présidence. Le processus de révision n’étant pas soumis à la contrainte démocratique, on ne peut s’expliquer ce retard que par des considérations de tactique politique.
La question de la révision, perçue par l’opinion comme tâche relevant de la bonne volonté du pouvoir, ne prête qu’occasionnellement à débat. Lorsqu’il est question de l’imminence de sa présentation publique. Le changement de Constitution ne constitue plus un événement politique ; elle est intégrée comme un élément de confort politique du pouvoir. Plutôt vouée à asseoir l’autorité des régimes qu’à sanctuariser les droits des citoyens.
Dans un pays où l’on a pu plébisciter “la charte pour la paix et la réconciliation nationale”, il n’y a aucun risque à faire approuver une Constitution. Dans l’état actuel des choses, et en matière électorale, les autorités n’ont que le problème de l’abstention à surmonter.
Les citoyens s’inquiètent de la baisse du prix du pétrole et des retombées qu’ils commencent à ressentir. Ils ne manifestent aucune impatience à prendre connaissance de la Constitution révisée.
M. H