L’Intersyndicale réclame un SNMG de 38 300 DA

L’Intersyndicale réclame un SNMG de 38 300 DA

Nos voisins marocains et tunisiens vivent mieux que nous, selon son enquête

L’Intersyndicale réclame un SNMG de 38 300 DA

«85% des Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté.» Malgré un niveau de vie relativement faible, «nos voisins marocains et tunisiens vivent mieux que nous».

Avec un PIB 2 fois supérieur à celui de nos voisins marocains, la réalité du terrain est toute autre. L’Algérie, dont la richesse n’est plus à démontrer, est classée en dernière position en termes de pouvoir d’achat.

C’est ce que révèle l’enquête sur le pouvoir d’achat rendue publique hier par les syndicats affiliés à l’Intersyndicale autonome de la fonction publique (IAFP). Ces derniers réclament rien moins qu’un salaire minimum de 38 300 DA seul à même de couvrir les besoins élémentaires d’une famille de 5 personnes.

Basée sur des données macroéconomiques officielles et sur une enquête effectuée au niveau des marchés des trois pays cités, cette étude comparative prend en considération 3 niveaux de salaires. Le salaire minimum, le salaire moyen (classe A) et le salaire élevé (classe B).

Il ressort, selon l’indice PPA (parité du pouvoir d’achat) utilisé par les enquêteurs, que le SNMG algérien (10 000 DA) ne couvre qu’une semaine (26%) des besoins minimums mensuels, alors que le salaire minimum au Maroc couvre 32% des besoins. Celui de la classe A (20000 DA) couvre les dépenses réelles pour 15 jours seulement, alors que le salaire élevé (classe B, 40 000 dinars), relève l’enquête, «devrait être le vrai salaire minimum».

L’IAFP, qui s’interroge comment fait l’Algérien pour subvenir à ses besoins, s’est basé sur des éléments précis pour le calcul du coût de la vie. Ainsi, la famille algérienne dépense en nutrition, selon l’IAFP, pas moins de 14 200 DA par mois.

Pour la prise en charge de 3 enfants, 8600 DA sont déboursés alors que 7500 DA représentent les frais divers (soins, médicaments…) et 8000 DA sont dépensés mensuellement pour couvrir les frais du logement et de l’énergie. C’est sur cette base du «coût de la vie réel» que l’Intersyndicale propose le salaire minimum de 38 300 DA.

«Il faut une vraie politique salariale»

Pour ce faire, il est impératif, selon l’intersyndicale, de relever le point indiciaire de 45 DA à 191,5 DA. Ce constat établi, qui démontre que l’Algérien vit dans la précarité, prouve, aux yeux de Messaoud Boudiba, porte-parole de Cnapest, que l’Etat n’a jamais adopté une vraie politique salariale.

«Il se confine toujours dans sa fuite en avant», fait-il remarquer. Pour lui, les différentes politiques économiques adoptées jusque-là ont contribué à l’anarchie et aux disparités. Plus explicite, il citera entre autres causes de la faiblesse du pouvoir d’achat de l’Algérien la dévalorisation continue du dinar depuis 1991, le gel de la politique salariale, l’inflation galopante et l’économie parallèle. Ceci au moment où, regrette-t-il, les salaires n’ont pas suivi.

Cet état de fait lui fait dire qu’«il y a volonté délibérée d’éradiquer la classe moyenne» synonyme de cohésion sociale et de création de richesses. «La rue est en train de bouillir», dit-il comme pour signifier que le résultat d’une politique de négation est incontestablement en train de se dessiner.

Le porte-parole du Satef, Mohamed Salem Sadali, abonde dans le même sens. «Les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent», dit-il pour rejeter le fait que l’Etat se focalise sur la tripartite, date choisie d’ailleurs par l’Intersyndicale pour observer une journée de protestation.

Pour l’orateur, qui considère que les travailleurs s’enfoncent dans la précarité, ce ne sont ni les bas salaires, encore moins la couche moyenne qui bénéficieront des augmentations, d’où la nécessité, selon lui, d’abroger l’article 87 bis de la loi du travail.

Il avertit, pour sa part, après avoir rappelé les derniers mouvements de protestation et les émeutes qu’ont connus plusieurs localités du pays : «Octobre 88 ne sera rien devant le volcan qui nous attend.» Selon les prévisions de la loi de finances 2010, Achour Idir du Cla estime, pour sa part, que l’augmentation ne saurait dépasser les 5%, c’est-à-dire 500 à 1000 DA par rapport à l’actuel SNMG.

«Les augmentations de salaires sont les fruits des luttes syndicales», dit-il par ailleurs, d’où son appel à la mobilisation de tous les travailleurs de la fonction publique, alors que M. Malaoui du Snapap estime que «l’argent de la corruption», qui représente, selon lui, 40%, peut à lui seul résoudre le problème. Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique, l’Intersyndicale dénonce une décision de justice portant dissolution de la section Cnes de l’USTO (Oran).

Ceci «relève de la volonté des pouvoirs publics de mettre fin à tous ceux qui osent revendiquer leur droits socioprofessionnels et l’autonomie d’organisation». S’agissant de la grève prévue pour novembre dans le secteur de l’éducation, les animateurs de la conférence se donnent encore du temps «pour agir en rangs serrés».

S. M.