L’offre de la dernière chance: La solution à la crise apparaîtra-t-elle à la fin du mandat de bensalah?

L’offre de la dernière chance: La solution à la crise apparaîtra-t-elle à la fin du mandat de bensalah?

Par Saïd BOUCETTA

L’on s’attend à une prise en main par l’armée de la transition, avec un agenda précis, une révision des lois électorales et l’organisation d’une présidentielle à une échéance qui soit la plus rapprochée possible.
L’institution militaire, qui ne veut pas sortir de la Constitution, sera libérée de cette «obligation» sitôt le mandat de Abdelkader Bensalah consommé. Au 9 juillet 2019, l’ANP sera dans son rôle de gardienne de la stabilité du pays, en prenant l’initiative de piloter, d’une manière ou d’aune autre, la transition vers une élection présidentielle, dans des délais rapprochés. Elle le fera en accompagnant la classe politique qui n’aura d’autres choix que de conduire une courte transition, vers un nouveau régime plus démocratique.

Cette perspective, même si elle suppose une petite entorse à la Constitution, est incontournable. L’absence d’une transition sérieuse, ferait durer le mouvement populaire plus longtemps. L’on imagine à peine ce qu’il en sera, dans six mois. Le mouvement pourrait perdre de son pacifisme. Le chaos peut s’installer.
Pour l’heure, la scène nationale fait face à une offre pléthorique, au point où les Algériens ne savent plus quoi penser de cette «créativité», dont font montre nos politiques. Il se trouve, cependant, que ce penchant pour des plans de travail, de feuilles de route et autres «lectures profondes» de la Constitution, n’ont été d’aucun secours pour les Algériens qui voient, de jour en jour, se rapprocher la fin de la légalité constitutionnelle. Il devient évident, à voir le foisonnement «stérile» de discours, que l’option d’une présidentielle au 4 juillet, finira par se révéler caduque.
Le dernier discours du président de l’Etat était inaudible, de même que la multitude de propositions émanant de l’opposition.
La rue, qui s’en tient à son refus de voir les symboles de l’ancien régime organiser quoi que ce soit, se perd entre les plans d’actions et le respect de la Constitution. Il devient évident qu’une solution négociée, dans les termes que voudraient la présidence de l’Etat et l’état-major de l’ANP, d’un côté, et la nébuleuse partisane de l’opposition de l’autre, est irréalisable. Les points de vue sont trop divergents, et l’on se dirige vers le «Dead-line» du 9 juillet prochain, sans projet consensuel à même de rassurer les Algériens.

Cette perspective pourrait, cependant, ne pas être la fin de tout, mais plutôt le début de la solution. Il faut dire qu’à cette date, le pays perdra l’institution présidentielle. Mais il restera d’autres institutions, à l’image des deux chambres du Parlement, du Conseil constitutionnel et surtout de l’ANP. Avec le départ «programmé» de Bensalah et du gouvernement Bedoui, une nouvelle réalité s’ouvrira au pays qui, grâce à la maturité de la situation politique après deux nouveaux mois de mobilisation populaire et de débats citoyens, pourra envisager une sortie de crise apaisée, négociée et surtout sereine.

La classe politique qui n’a eu de cesse de réclamer l’association de l’armée en tant qu’agent facilitateur, se retrouvera face à l’état-major, après la décantation que l’on suppose salutaire, au niveau des discours des uns et des autres. L’après-9 juillet pourrait être bien moins angoissant que l’on pourrait craindre.
Deux options s’ouvrent au pays. La première consiste en une prise en main par l’armée de la transition, avec un agenda précis, consistant en la révision des lois électorales et l’organisation d’une présidentielle à une échéance qui soit la plus rapprochée possible.

La seconde voie serait que l’armée appuie une ou deux personnalités civiles nationales et consensuelles, dont la mission sera strictement la même. L’armée ou le présidium ainsi formé désignera un gouvernement technocrate ou d’union nationale. Celui-ci vaquera aux affaires courantes.
Dans le même temps, une instance, indépendante de l’Exécutif, organisera le scrutin présidentiel. L’idéal serait qu’avant la fin de l’année en cours, le pays puisse se doter d’une institution présidentielle élue et non contestée. A charge pour le prochain président d’approfondir les réformes et esquisser les contours de la nouvelle République.