Loi de finances 2022 : « Le médecin ne va pas jouer au saint-bernard »

Loi de finances 2022 : « Le médecin ne va pas jouer au saint-bernard »

La nouvelle loi de finance a été votée par la majorité des députés à l’APN. Outre le projet portant sur la fin des subventions, cette loi controversée stipule aussi la hausse de la taxe forfaitaire sur le chiffre d’affaires de l’exercice libéral. L’impôt à payer passe donc de 12% à plus de 30%.

Cette loi n’a donc pas laissé les médecins libéraux de marbre. À l’instar des avocats, qui ont déjà observé un mouvement e contestation, les blouses blanches exerçant à leur compte montent, eux aussi, au créneau. Des responsables, mais aussi des syndicalistes, tirent la sonnette d’alarme, et mettent en garde contre les répercussions sociales d’une telle démarche.

Les médecins entre la peste et le choléra

Des médecins, suite à l’adoption du projet de la nouvelle loi de finances par l’APN, s’inquiètent. D’autres tentent de rester plus mesurés, plus optimistes, vu que cette loi n’est pas encore entrée en vigueur.

C’est le cas du président du Syndicat national des médecins libéraux, le docteur Benbrahem, qui confie cependant à nos confrères du quotidien Le Soir d’Algérie que si cette loi est signée, « toutes les charges vont augmenter et cela va se répercuter inévitablement sur les honoraires ».

Le même intervenant affirme qu’avec les honoraires appliqués actuellement, le médecin ne pourra pas faire face à la hausse de la taxe. « Ce sera la clé sous le paillasson, en particulier pour les petits cabinets», affirme-t-il, avant d’ajouter que le médecin «ne va pas jouer au saint-bernard au détriment de sa vie, lui aussi a une famille à prendre en charge».

Conscient du rôle du médecin au sein de la société, et de la baisse du pouvoir d’achat du simple citoyen, le Dr Benbrahem affirme que si augmentation il y a, elle sera appliquée à contre cœur. Il assure que les médecins vont se retrouver forcés de choisir entre la peste et le choléra.

«D’un côté, il y a les malades, dont certains n’ont même pas de quoi payer la consultation, et, d’un autre côté, il y a cette augmentation d’impôt qu’on nous impose et qui ne nous laisse pas d’autre choix que d’augmenter les honoraires», déplore-t-il.

Plus 2.500 dinars pour une simple consultation

Le président de l’Ordre des médecins, Mohamed Bekkat Berkani, a, lui aussi, un avis qui n’est pas très différent de celui de son confrère syndicaliste. Bekkat Berkani déclare que « si les impôts augmentent, et avec l’inflation qui est actuellement non maîtrisée, bien entendu, les honoraires du médecin privé vont augmenter ».

Une simple consultation coute aujourd’hui entre 1.500 et 2.000 dinars au citoyen algérien. Cela ne va pas durer si la nouvelle loi de finance est signée. La consultation va atteindre, au minimum, les 2500 dinars, indique le Dr Mohamed Bekkat Berkani, qui ajoute que le médecin libéral est libre de fixer ses propres tarifs tant qu’il n’y a pas d’honoraires conventionnés avec la CNAS.

Le même intervenant explique ensuite que la loi portant sur la Sécurité sociale, datant de 1983, modifiée pour la dernière fois en 1987, est obsolète et ne peut pas garantir un suivi équitable pour les praticiens concernant l’évolution des tarifs et des honoraires.