Le Conseil de la Nation a adopté la loi de finances 2025, un texte riche en réformes économiques et sociales qui reflète la volonté du gouvernement algérien de diversifier son économie et de répondre aux défis socio-économiques actuels. Cette loi introduit des mesures stratégiques, allant de la stimulation de l’investissement à la protection du pouvoir d’achat, tout en ouvrant la voie à une modernisation accrue des structures économiques du pays.
La loi de finances 2025 met l’accent sur la relance de l’investissement, avec des avantages fiscaux significatifs destinés à attirer les investisseurs locaux et internationaux. Parmi les mesures phares figure l’exonération d’impôts et de droits d’enregistrement pendant cinq ans pour les revenus générés par les Sukuk souverains, des instruments financiers islamiques. Ces obligations permettront de financer des projets publics tout en diversifiant les sources de financement de l’État.
En parallèle, les entreprises opérant dans les régions du Sud continueront de bénéficier d’un abattement fiscal de 50 %, renforçant ainsi les efforts pour réduire les disparités régionales. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie plus large visant à dynamiser les économies locales et à créer des opportunités dans des zones historiquement moins développées.
Le gouvernement prévoit également de soutenir les dépenses en recherche et développement (R&D) à travers des abattements fiscaux. Cette initiative vise à stimuler l’innovation et à promouvoir des secteurs stratégiques tels que les technologies numériques, les énergies renouvelables et l’industrie pharmaceutique.
Transition numérique et modernisation de l’économie
Un des volets majeurs de cette loi est l’encouragement de la transition numérique. Les terminaux de paiement électronique (TPE) et leurs kits d’assemblage seront exonérés de TVA et de droits de douane jusqu’en 2027. Cette mesure vise à élargir l’accès aux paiements électroniques, en réponse à la faible bancarisation et à la prévalence des transactions en espèces en Algérie.
En outre, le gouvernement s’engage à développer les infrastructures technologiques et à encourager les start-ups, considérées comme des moteurs clés de l’économie future. La digitalisation des services publics et des processus administratifs est également un objectif central, permettant une meilleure transparence et une réduction de la bureaucratie.
Cependant, des défis subsistent, notamment en matière d’adoption par les entreprises et les citoyens. Les efforts pour sensibiliser les acteurs économiques à ces nouveaux outils seront déterminants pour garantir le succès de cette transition numérique.
Pouvoir d’achat et équilibre budgétaire : un double enjeu
Sur le plan social, la loi de finances 2025 contient plusieurs dispositions pour protéger le pouvoir d’achat des Algériens. Les autorités continueront d’exonérer temporairement la TVA des produits de première nécessité, tels que le riz, les légumes secs et les viandes locales. Cette mesure vise à atténuer l’impact de l’inflation sur les ménages, particulièrement ceux à faible revenu.
Dans le domaine du logement, les banques publiques soutiendront les bénéficiaires du programme AADL 3 en prenant en charge les intérêts des prêts immobiliers, facilitant ainsi l’accès à la propriété pour les citoyens.
Malgré ces efforts, l’équilibre budgétaire reste un défi. Avec un déficit prévu de 8.271 milliards DA pour 2025, le gouvernement table sur une augmentation des recettes fiscales, estimées à 8.523 milliards DA, grâce à une réforme de l’assiette fiscale et une meilleure collecte des impôts. Toutefois, cette situation budgétaire nécessitera une gestion prudente pour éviter une hausse excessive de la dette publique.
La loi de finances 2025 marque une étape cruciale dans la transformation économique de l’Algérie. Entre mesures fiscales, soutien social et transition numérique, le gouvernement tente de répondre à des besoins immédiats tout en jetant les bases d’une économie plus résiliente et compétitive.
Cependant, la réussite de ces réformes dépendra de leur mise en œuvre effective et de la capacité des autorités à surmonter les obstacles liés à la bureaucratie et à l’adoption des nouvelles mesures par les citoyens et les entreprises. Si ces défis sont relevés, 2025 pourrait bien être l’année où l’Algérie amorce un véritable tournant économique.