Le projet de loi portant devoir de réserve des militaires à la retraite, qui est soumis aux députés, n’a pas fait avaler sa langue au général à la retraite, Khaled Nezzar, qui vient de réagir d’une manière tonitruante pour exprimer son rejet de ce texte qu’il qualifie de “porteur d’une grave dérive liberticide” et, surtout, pour dresser un sévère réquisitoire à l’encontre de ses initiateurs auxquels il prête des “ambitions politiciennes démesurées et égoïstes”.
Khaled Nezzar, qui s’exprimait jeudi sur le site électronique, Algérie patriotique, a, de prime abord, estimé que “ce projet constitue, dans son esprit même, une menace contre la liberté d’expression et une atteinte aux valeurs démocratiques que défendent nos élus”. Mais pas seulement. Pour lui, le fait que quelques mois après l’adoption de la Constitution, plusieurs textes d’application urgents en attente à l’Assemblée sont différés sine die, et que la priorité est donnée au projet de loi qui vise à interdire la parole aux militaires et priver ainsi une frange de la société algérienne de son droit de s’exprimer et de participer au débat national sur les questions qui engagent l’avenir de la nation, dénote, plutôt, “l’inconsistance de nos autorités”. “Cela provient de leur peur, peut-être, mais sûrement du manque de confiance dans cette frange de la société”, a-t-il soutenu, non sans s’en prendre frontalement au chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, dont il qualifie la démarche d’“anticonstitutionnelle et antidémocratique”. “Ce projet de loi comporte une grave contradiction qui lui ôte toute légitimité, si bien que l’initiateur de ce texte veut, par le biais de cette démarche anticonstitutionnelle et antidémocratique, interdire aux anciens officiers de l’armée d’afficher leur opinion, alors que lui-même a ouvertement engagé, à plusieurs reprises, l’institution militaire dans l’arène politique”, a déclaré ce janviériste qui n’a pas jugé utile de revenir sur des faits comme, par exemple, l’implication politique de Gaïd Salah qui a publiquement félicité Amar Saâdani pour sa réélection comme SG du FLN, mais a estimé important de souligner que “le chef d’état-major de l’ANP a annihilé ce projet de loi avant même qu’il ne soit conçu et soumis à l’appréciation de nos élus”, et qu’il a, ainsi, “bafoué la tradition de l’ANP qui, lors de la Constitution de 1989, consacrait la démocratie, s’était retirée d’elle-même du Front de libération nationale, pour garantir une compétition politique saine”. Plus virulent encore, le général à la retraite assène : “Cette incohérence et cette inconséquence du chef d’état-major de l’ANP rendent ce projet scélérat nul et non-avenu.” S’agissant de l’acharnement de ce dernier à faire adopter ce projet, Nezzar répond tout simplement : “On sait que chez le militaire fruste et mégalomane, beaucoup plus que chez d’autres, sommeille le diable de l’aventure.”