Le ministre russe de l’Energie s’est montré très évasif après sa récente rencontre à huis clos avec les principaux producteurs nationaux. Il s’est dit seulement «prêt à discuter» et a prévenu «devoir analyser beaucoup de données».
La Russie hésite. Avec la remontée du prix du baril, ces dernières semaines, producteurs et ministres russes s’interrogent sur la nécessité de prolonger l’accord de l’Opep qui aurait déjà atteint son but. Les compagnies pétrolières russes font pression sur le Kremlin. Le président Vladimir Poutine avait pourtant semblé donner le ton, notamment lors de la visite du roi Salman d’Arabie saoudite en octobre. La Russie qui s’était engagée jusqu’en mars 2018 à limiter sa production à moins de 11 millions de barils par jour, avait affiché son intention de continuer à participer à l’effort des pays exportateurs qui doivent se réunir ce jeudi à Vienne. Mais, depuis, beaucoup d’eau semble avoir coulé sous les ponts et le ministère de l’Energsie russe a rappelé que la Russie peut a priori en 2018 augmenter sa production de 3-5 millions de tonnes. De telles déclarations sèment le doute sur la volonté russe de prolonger l’accord avec l’Opep. Le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, s’est montré, lui, très évasif après sa récente rencontre à huis clos avec les principaux producteurs nationaux. Il s’est dit seulement «prêt à discuter» et a prévenu «devoir analyser beaucoup de données». La prolongation de l’accord de limitation de la production qui lie les pays exportateurs de pétrole et d’autres partenaires depuis le début de l’année et jusqu’à mars 2018, est-elle compromise? Le doute est permis. Pourtant, des experts estiment qu’il est dans l’intérêt de l’Opep de travailler pour un prix de pétrole stable afin d’atténuer l’impact de la baisse des cours sur les budgets des pays membres. «Réduire la production est une nécessité et non une option pour les producteurs du pétrole», affirment-ils. Beaucoup d’analystes Commerzbank, rassurés par les commentaires du ministre iranien du Pétrole Zanganeh, avaient, eux, étayé l’anticipation d’une prolongation.
Le ministre iranien avait déclaré que la majorité des membres de l’organisation étaient en faveur de l’extension. Même l’Arabie saoudite avait dopé le marché pétrolier en affirmant que l’Opep devrait étendre son accord de baisse de production au-delà de mars 2018. Bien que la prolongation ne soit pas encore actée, certains évoquent le maintien de l’accord jusqu’à l’été seulement en raison des hésitations de la Russie. Quelle que soit la décision qui se dégagera de la rencontre, l’Algérie aura un rôle clé à jouer, selon des experts britanniques. Piers Curran, directeur chez Amplify Trading, une société de formation en trading et finance, et Anthony Cheung, professeur à la Nottingham Business School et Trent University London, et également directeur dans cette même société, ont relevé, cité par l’APS, que malgré la domination dans la production de certains pays de l’Opep tels l’Arabie saoudite, l’Irak ou l’Iran, l’Algérie sera toujours un élément influent dans cette organisation pétrolière. Ils estiment également que l’Algérie pourrait s’imposer, à long terme, dans une nouvelle cartographie énergétique et de minerais avec son potentiel considérable en énergies renouvelables, minerai de fer, phosphates, et uranium. De son côté, Elias Boukrami, expert et directeur des programmes pétrole, gaz et finances à la faculté de Business et Management de la Regent’s University London, a rappelé que l’Algérie avait joué un rôle important dans le rapprochement OPEP-Russie, qui a réussi à influer positivement sur les prix du pétrole. Il a affirmé également que l’Algérie pourrait avoir dans un avenir très proche un rôle «plus important», avec sa position géostratégique et son potentiel énergétique: «Les réserves de gaz de schiste algériennes sont parmi les plus importantes au monde, offrant une alternative réelle à exploiter pour la sécurité énergétique du pays et de la région», a-t-il dit. A préciser que la réunion du Comité de suivi ministériel conjoint Opep et non-Opep aura lieu demain à Vienne, précédant la réunion ministérielle des pays Opep et non-Opep, auxquelles prendra part le ministre de l’Energie Mustapha Guitouni. Rappelons enfin qu’en septembre 2016, les membres de l’Opep et leurs principaux partenaires avaient conclu un accord pour réduire leur production de 1,8 million de barils par jour jusqu’à mars 2018, afin de rééquilibrer le marché et faire monter les prix.
Hasna YACOUB